Ce que les cactus voient

14 Avr

Argentine, nous revoilà !

Samedi 22 février

Notre bus pour Mendoza est à midi. Nous avons encore trainé tard hier et le réveil est difficile. Heureusement, les petits déjeuners chiliens, et particulièrement ceux de Jovina, sont réconfortants. Ahhhh l’avocat écrasé sur des bonnes tranches de pain tout chaud ! Simple mais tellement bon. Nos sacs sont prêts et après notre « tecito » comme dit Jovina, nous organisons une séance photo. Il est déjà l’heure de nous quitter. Le plus difficile lorsque l’on s’arrête plus de trois jours est de s’arracher à ce nouveau nid douillet. C’est fou ce qu’on prend vite racine ! Le simple fait de passer quotidiennement par le même chemin chaque jour pour rentrer dans son auberge et retrouver son lit, dans son dortoir de douze personnes, devient vite un grand plaisir. Du moins, c’est vraiment l’effet qu’a eu Santiago sur nous. Une ville tentaculaire qui vous ventouse. Protégée par les montagnes, la ville, aussi grande et polluée soit elle, donne vraiment l’impression d’un cocon « comme à la maison ».

Donc, en ce samedi, en plus de quitter la petite famille de Fabián, nous devons quitter cette ville qu’on aime tant. On s’arrache, donc, pressés par le temps, comme d’habitude. Fabián, en guide et ami parfait, nous accompagne jusqu’au terminal. Sur place il nous reste tout juste le temps d’acheter 2/3 bêtises estampillées Colo-Colo et Universidad de Chile, les deux plus grands clubs de foot chiliens. J’aurais vraiment voulu rapporter dans mes bagages des dizaines d’autocollants et autres produits dérivés. Bizarre cette façon qu’on les choses d’un pays de vous imprégner. J’aurais bien vu un match « en vivo » aussi. Et couru sur le stade avec mon maillot sur la tête. Je crois que c’est à ce moment là du blog que je vous annonce que j’ai un mulet et que le Messie n’est pas celui que vous croyez…

Rassurez vous, après cette parenthèse, nous finissons tout de même par monter dans le bus. Et là, c’est la fête parce qu’ils passent Wolverine et L’odyssée de Pi. Du lourd je vous dit ! Ça change des clips de musique romantique. Et, accessoirement, nous allons prendre la ruta 7, la route des Andes, qui traverse la cordillère, serpente entre les montagnes multicolores et permet d’apercevoir les neiges éternelles de l’Aconcagua. Je vous le disait, rien de bien folichon. Le long de cette route mythique, on aperçoit aussi les vestiges d’une ancienne voie ferrée, aujourd’hui défoncée et rouillée. Entre ça et les très longs tunnels de béton ajourés, on se croirait presque à la poursuite du Transperceneige. À la frontière, peu d’ennuis avec les autorités argentine, nous faisons passer de la nourriture en contrebande. Rien à voir avec la sévérité des douanes chiliennes.

L’arrivée à Mendoza est annoncée par les cultures de vignes, de plus en plus nombreuses. On retrouve ensuite la rigidité des plans des villes argentines. Des rues parallèles et perpendiculaires et 4 places équidistantes (on va dire que c’était mes devoirs de maths). Au centre, la plaza Independencia. Toute cette géométrie, moi ça me glace ! Seule la petite plaza España, sa fontaine et ses azuléjos multicolores trouvent faveur à mes yeux, ainsi que les canaux d’irrigations qui traversent la ville.

Plaza España

Plaza España

L’auberge dans laquelle nous dormons est pleine, nous ne dormons pas dans le même dortoir cette nuit. Hadrien n’est pas gâté avec une pièce aveugle et une salle de bain minimale. Pas grave, c’est pour une nuit seulement. Fatigués par la courte nuit puis le long voyage, nous renonçons à profiter du bar gratuit de l’auberge.

Glande à Mendoza

Dimanche 23 février

Journée relax aujourd’hui. Vers 14h, nous nous promenons dans la ville, qui, à part son ambiance tranquille, n’a rien de fondamentalement intéressant pour le visiteur d’un jour. De nombreuses personnes viennent ici pour faire la fête et en profitent bien, a-t-on raté quelque chose ? Pour aller acheter nos billets de bus vers Cafayate, nous faisons pas mal de kilomètres. Nous sommes dimanche et tout est fermé, et le site internet pour acheter les billets refuse de fonctionner. Pas d’autre choix que d’aller directement au terminal, puisque le supposé terminal central est fermé depuis un moment – merci le Routard pas à jour.

En route pour Cafayate

Lundi 24 février

Avec deux chambres différentes et une clé chacun, le réveil très tôt nécessite une bonne logisitque. Heureusement tout se passe comme sur des roulettes et nous nous retrouvons devant la chambre d’Hadrien. Pour aller à Cafayate, il faut nécessairement passer par Tucuman, ville sans grand intérêt, mais où nous aurons un peu de temps à tuer. La pluie s’invite arrivés au terminal et annule les ambitions de visite d’Hadrien. On se pose dans un café moyen avec un petit-déjeuner moyen. Pendant que je reste bien au chaud et au sec, Hadrien part visiter l’immense terminal/centre commercial où l’on peut manger au fast food et acheter des contrefaçons en tous genres. Avant de repartir, nous passons par la salle de repas et achetons une empanada pour obtenir le code du wi-fi. Nous recevons des nouvelles de Kévin et Émeline qui ont fait leur premier wwoofing ; mais il est maintenant certain que nous ne les croiserons plus en Argentine.

Sur la route vers Cafayate

Sur la route vers Cafayate

Avec le bus de la compagnie Anconquija, nous traversons des paysages magnifiques et passons d’un climat à l’autre avec une grande rapidité. La route traverse des montagnes très humides. Ça serpente entre les nuages. On monte jusqu’à 3000 mètres d’altitude puis on redescend tranquillement vers Tafi del Valle. Adieu forêt, lianes et humidité, bonjour vallées verdoyantes, soleil et chevaux. Le contraste est saisissant. Peu à peu, le climat est plus sec. On voit défiler les cactus candélabres et des paysages dignes de westerns. La roche est rouge et les vignes commencent à apparaître. On traverse quelques petits villages avec des maison en pisé et quelques chèvres. On remarque aussi qu’il y a pas mal de jeunes mochileros argentins. Ici c’est encore les vacances et le nord est, paraît il, très prisé des étudiants.

Drôle de maison à Cafayate

Drôle de maison à Cafayate

Nous débarquons à Cafayate sous un soleil de plomb et après un petit tour à l’office du tourisme ou l’on nous fournit un minimum d’infos avec un maximum d’antipathie, nous filons au camping Lorahuasi. Le terrain est loin d’être idéal pour planter la tente. Tout est très aride. Peu d’arbres et beaucoup de poussière. Nous avions hésité avec le camping juste en face (Luz y Fuerza) mais au final ils se ressemblent beaucoup. Vers 20h nous filons acheter de quoi manger un sandwich. Nous en profitons pour visiter le village encore très animé à cette heure ci. On se croirait presque dans le sud de la France. Sur fond sonore d’une voiture voisine, nous mangeons le délicieux Cafay, un sandwich composé de pain hamburger, avocat, tomate, fromage, sauce bbq et moustiques acharnés. Sous la tente, nous prenons la grande décision de nous lever à 5h pour prendre le premier bus qui va dans la quebrada (canyon) calchaquies. Ainsi nous pourrons voir le lever de soleil quelque part dans un lieu sacré indien. Pas mal le programme, je mets le réveil.

Quebrada et camping paradisiaque

Mardi 25 février

Le lendemain, à 5h donc, nous éteignons gentiment le réveil et décidons de dormir encore. Au final, nous partons en plein après-midi. Le bus nous dépose à la Garganta del Diablo, le premier site sacré qui est à 50 km de Cafayate. Il est possible de revenir en vélo en 5h environ ou de prendre un bus dans l’autre sens. C’est ici que nous rencontrons Belen et German, un petit couple de hippies tout charmant venu de Buenos Aires. Le premier site est très impressionnant. On comprend vite pourquoi ces formations rocheuses ont été sacralisées par les indiens. Nous crapahutons sur la roche.

Formation rocheuse sur la route de la quebrada

Formation rocheuse sur la route de la quebrada

Garganta del Diablo

Garganta del Diablo

Quelques centaines de mètres plus loin se trouve « l’amphithéâtre ». Belen et German nous proposent de les accompagner. Là encore, l’endroit est magique. D’autant que 3 couples de perroquets virevoltent au dessus de nos têtes en poussant des cris. Un musicien joue du charrango (petite guitare à 10 cordes) et une sorte de flûte de pan ; le son se répercute sur les murs. Nous sommes restés là une bonne heure.

El Anfiteatro

El Anfiteatro

Vol de perroquets dans l'Anfiteatro

Vol de perroquets dans l’Anfiteatro

German, Belen, nous deux et le retardateur rafale

German, Belen, nous deux et le retardateur rafale

Nous décidons avec nos deux comparses de faire du stop. En attendant qu’une voiture daigne passer par là, nous faisons quelques photos. Belen et German chantent et dansent sur la montagne, et nous offrent 5 petits cailloux choisis avec amour. Venant d’eux ça ne paraît pas débile du tout. En retour, je leur offre un caillou triangulaire que German utilise comme porte-bonheur quand Belen lève pour la première fois le pouce. Bingo ! Jorge nous emmène jusqu’à Cafayate, et en signe de reconnaissance German lui donne… Un caillou ! Notre conducteur propose même de nous emmener, Hadrien et moi, jusqu’à Jujuy le jeudi suivant. Génial ! Arrivés au village, nous décidons de changer de camping pour passer la soirée avec les autres. Mais avant, nous devons annuler nos billets de bus que nous avions achetés en avance (pour une fois…) puisque nous partirons avec Jorge. Belen et German tiennent à nous accompagner. Quand nous découvrons enfin le camping, on n’en revient pas : petits emplacements à l’ombre de la vigne pleine de raisins, grenadiers, cuisine commune super et douches chaudes ! Le tout pour beaucoup moins cher que dans l’autre camping ! Le rêve ! Au menu du soir, pizzas végétariennes maison, cuites au feu de bois et Fernet / jus de pamplemousse ! Ce soir là nous rencontrons plein d’autres personnes avec qui nous décidons de former un groupe pour partir à l’assaut de la montagne et des cascades le lendemain. Il y a Franco, jeune pilote d’avion chilien aux longs cheveux ; Fernando aux dread locks ; Maximo et Anton qui voyagent depuis le début des vacances entre le Chili, le Pérou et la Bolivie ; Fernando (qu’on appelera « Fer » pour plus de commodité) au t-shirt de Tintin en route depuis Buenos Aires jusqu’au nord argentin. Nous irons sans guide car Fer y est déjà allé et connaît le chemin. Rendez vous 8h30 !

Soirée pizza maison et didgeridoo

Soirée pizza maison et didgeridoo

Les cascades de la mort

Mercredi 26 février

De bonne heure et de bonne humeur. Nous déjeunons de beurre de cacahuète (ça tient au corps) et de grappes de raisin. Après avoir acheté de quoi grignoter à midi, nous partons enfin à l’assaut du sentier. On forme un groupe digne des épopées de Tolkien. Ça a de la gueule ! Sur cette première partie, ça cause politique, écologie, permaculture, huiles essentielles… Une caravane de hippies un peu clichés mais ravis ! Enfin, arrivent les choses sérieuses. Nous notons tous nos noms dans le registre (au cas ou on tomberait dans une crevasse) et entamons le vrai sentier, joints par Leandro que nous venons de rencontrer. Comme d’habitude, un chien s’accroche à nous. Ici, les chiens sont vraiment des guides. En un mois et quinze jours passés dans ce pays, nous n’avons pas rencontré un seul chien méchant. Pourtant ils se promènent en gangs dans les rues et semblent n’appartenir à personne.

L'une des cascades de la brochette

L’une des cascades de la brochette

Le début du chemin était relativement facile, bien que très mal indiqué. Quelques traversées de rivière, une pente assez douce. Ça discute encore mais plus pour très longtemps. Le sentier est devenu vite assez ardu et on a tous commencé à avoir le souffle court. Jusqu’ici on se disait tous que tant que le chien pouvait passer, nous aussi. Jusqu’à ce qu’il se retrouve coincé en haut d’une pente, trop apeuré pour nous suivre. On l’a entendu hurler à la mort jusqu’à ce qu’on s’éloigne vraiment. Notre guide nous avait abandonné, on avait les pieds détrempés et on allait bientôt devoir escalader… À ce moment là j’ai presque maudit le Routard de résumer la balade à une seule pauvre phrase. Mais j’ai surtout béni le fait qu’on soit partis avec notre chère tribu bien vaillante et bienveillante. C’est les jambes tremblantes et la fierté d’avoir fait le plus gros du chemin qu’on s’arrête pour grignoter des galletitas au dulce de leche.

Grignotage à l'argentine

Grignotage à l’argentine

Hadrien et Belen se félicitent presque d’avoir survécus. Les petites tensions et les coups de blues dus à la méga trouille s’évanouissent d’un coup ! Encore un petit effort et nous débarquons enfin à la 4ème cascade. Hadrien épate tout le monde en se jetant dans l’eau glacée en moins de deux, certains font du toboggan sur les rochers, d’autres partent méditer plus loin ou donnent des cours de bol tibétain… Retour à la normale pour notre colonie de vacances hippie !

La cascade finale

La cascade finale. Le rocher à gauche fait office de toboggan

Maximo en pleine contemplation

Maximo en pleine contemplation

Le retour est bien plus simple, on déambule entre les cactus candélabres, on s’arrête pour fabriquer une paire de chaussures organique à Leandro qui a perdu une espadrille dans la bataille et pour observer les paysages grandioses, ce que les cactus voient tous les jours. Après quelques photos marrantes au mirador, on redescend tranquille jusqu’au lit de la rivière asséchée. Tout le monde connaît la route de retour. On s’éparpille car chacun va à son rythme.
Sur la route, Franco ramasse des figues de barbaries. Ce sera parfait pour le goûter.

Vue sur la rivière asséchée

Vue sur la rivière asséchée

Fernando Moïse ouvrant les monts

Fernando « Moïse » ouvrant les monts

Le soir venu, je m’écroule dans la tente pendant qu’Hadrien fait la popote (du guiso) avec quelques autres courageux, en buvant des coups. Franco, fin saoul, fait rire tout le monde jusqu’à ce qu’il finisse par s’endormir sur un banc. Je me relève vers 4h du matin pour surveiller tout ce petit monde et observer le ciel magnifique.

Photo de groupe sur la montagne

Photo de groupe sur la montagne. De gauche à droite : Hadrien, Leandro, Fernando « Moïse », German, Belen, Anton, Jumaï, Franco, Fer

Hadrien raconte : une longue soirée

À part Franco, tout le monde est complètement lucide, et c’est ce qui rend la situation amusante. Tapant du poing sur la table, Franco chante (scande ?) de célèbres chansons argentines et chiliennes ; tout le monde le reprend en cœur. Pour nous accompagner, nous avons du bon vin local vendu pour trois fois rien en énormes bouteilles consignées. Même si je ne comprends pas tout des conversations, et ne connaît pas une phrase des chansons chantées, je passe du très bon temps avec le grand groupe. À ceux déjà présents aux cascades, il faut ajouter un autre chilien (pardon, impossible de me rappeler son prénom) et l’ami de Fernando « Moïse » avec qui il voyage, Lukas. Petit à petit, après que Franco se soit écroulé sur un banc, tout le monde va se coucher, sauf Lukas, Maximo, le chilien et moi. German, qu’on avait pas revu depuis le chemin du retour de randonnée, reparaît pour manger des restes de guiso qu’il rapporte à Belen dans leur tente. Quant à moi, je vais voir où en est Jumaï dans son profond sommeil, et elle décide finalement de se lever pendant que je me brosse les dents ! C’est reparti pour un autre temps de discussion, bien plus tranquille avec un groupe plus réduit. Lukas nous donne un livre, El Cambio, du Dr. Wayne Dyer, qu’un autre voyageur lui a donné ; il nous invite à le donner à notre tour quand nous l’aurons fini. Mais nous ne le finirons jamais. Alors que nous croyions que c’était un roman, nous comprendrons plus tard qu’il s’agit d’un livre de développement personnel. De chapitre en chapitre, le bouquin enchaîne les conseils faciles pour « changer sa vie » avec un vocabulaire pour illuminés. Désolé Lukas, mais ce n’est vraiment pas notre tasse de thé.

Il doit être pas loin de 4h du matin, et déjà c’est l’heure du réveil pour Fernando « Moïse », Lukas et… Franco. Leur but : obtenir un bus très tôt pour monter dans un train ensuite. Ça commence à sentir l’échec quand Franco, sorti de sa torpeur et toujours torse nu, gueule devant la tente de German et Belen pour qu’ils lui fassent une petite place au chaud. Peu après, à demi-endormi dans la tente, je crois entendre le rangement des affaires de Lukas et Fernando.

Ce qui est sûr, c’est que le lendemain, les trois gars reviennent au camping faire un dernier coucou. Ils n’ont pas eu leur train, et vont tenter d’autres solutions. En se couchant aussi tard (ou tôt ?) il ne fallait pas trop espérer non plus.

Au frais sous les vignes

Jeudi 27 février

Le lendemain, j’apprends avec Belen et Germen à faire des chappatis, des galettes de blé cuites au feu de bois (ou ce matin, à la poêle) qui seront parfaites avec notre « crema de maní ». Hadrien, lui, range la tente jusqu’à ce qu’on décide de rester. Maximo et Anton prennent la même décision.

Atelier de macramé à l'ombre des vignes

Atelier de macramé à l’ombre des vignes

Décidément, ce petit coin de paradis et cette tribu nous retiennent. L’après-midi est bien tranquille. Nous apprenons à faire des bracelets en macramé à l’ombre de la vigne en mangeant des grenades… Trop dure la vie ! Deux autres campeurs repeignent les bancs en bois, apparemment ça ne dérange pas du tout le propriétaire, Juan. Sans sa bienveillance, tout cela aurait été impossible. Le soir, nous filons dans un bar faire un peu d’Internet et revenons faire la cuisine avec tout le monde. Chacun s’active dans la bonne humeur. C’est reparti pour une tournée de chappatis garnis de petits légumes délicieusement préparés! German propose une séance de méditation avec bol tibétain et dijeridoo. Hadrien n’est pas chaud mais moi je tente l’expérience avec Maximo. La soirée se poursuit à grand renforts de blagues et d’anecdotes diverses.

Midi peinard au camping du paradis

Midi peinard au camping du paradis

Jusqu’à Salta dans un four

Vendredi 28 février

Il faut bien partir un jour. Nous nous levons de bonne heure et déjeunons de grenades, de raisins et de beurre de cacahuète. La petite bande émerge doucement. On prépare le maté, rangeons tranquillement les affaires et finalement, réussissons à décoller de notre camping préféré après avoir cueilli quelques grappes de raisin. Maximo et Anton partent avec nous. Avant de pendre le train à Tucuman, ils veulent visiter la quebrada. Quant à Fernando, il va vers Jujuy aussi. Du coup, nous partons tous ensemble et marchons sous le soleil de midi (excellente idée) pour faire du stop. Nous décidons de nous séparer pour plus de facilité. Maximo et Anton partent devant. La route n’est pas très empruntée à cette heure ci et les quelques voitures qui passent nous ignorent totalement. Au bout d’une petite heure, nous retrouvons nos amis assis à l’ombre d’un arbre. À peine les avons nous rejoint qu’un camion avec une grosse benne nous ramasse tous. Parfait timing.

Four de luxe

Four de luxe

À bord, il y a déjà un jeune argentin et une autrichienne en couple. Nous sommes tous ravis de nous retrouver et dans le four de tôle ça fredonne l’hymne du camping: « La vie en rose » en mangeant des raisins. Un dernier coup d’œil aux roches multicolores, un dernier au revoir aux amis et nous voilà sur la route vers Salta. Les routiers s’arrêtent pour déjeuner dans un village endormi par la chaleur. Seul le restaurant du coin semble encore animé. La vilaine tenancière du boui-boui refuse de nous servir des frites et nous nous rabattons sur une pizza. Nous repartons au zénith et cherchons tous les moyens possibles pour ne pas trop cramer dans notre benne métallique, notre four.

Dernier regard sur la quebrada

Dernier regard sur la quebrada

Les conducteurs nous déposent finalement un peu à la sortie de Salta. Nous marchons jusqu’au terminal de bus. Nous avons deux heures de libre avant de monter dans le bus pour Jujuy. Le temps pour Fer’ de réparer son sac à dos et pour nous de glander dans le parc à côté du terminal. Nous n’aurons pas vraiment visité le centre de la ville et n’avons donc pas bien compris pourquoi Salta était surnommée la Linda… À 18h, nous embarquons dans notre bus. L’air est chaud et moite. Le soleil se couche et nous piquons finalement tous un roupillon. Nous arrivons à Jujuy à 21h30. Bien qu’il fasse nuit, la ville grouille. C’est pas l’ambiance que je préfère. Nous écumons les auberges, toutes très chères (80 pesos la nuit) et errons dans la ville. Deux bonnes heures passent avant que nous tombions sur l’office du tourisme. Il est minuit mais la porte est ouverte. On s’engouffre, un gardien nous rattrape. C’est fermé bien sur. Devant nos mines déconfites, il nous fait quand même entrer et nous laisse entre les mains d’un très très gentil monsieur qui se plie en quatre pour nous trouver des hôtels à 50 pesos. Il nous offre mille brochures sur la quebrada de Humahuaca et le carnaval, passe des coups de fil, ouvre des registres… Notre héros ! Il nous a dégotté un hostal dans un quartier excentré et un peu glauque. Il est minuit, on est crevés, on marche depuis des heures dans la ville et on débarque dans un hôtel étrange en bas duquel une fête bat son plein. Finalement nous partageons une chambre avec salle de bain privée, le tout pour 150 pesos ! Malgré la musique très forte, nous dormons comme des bébés.

Le caillou triangle, Théophile et Simba dans la quebrada

Le caillou triangle, Théophile et Simba dans la quebrada

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