Terre et ciel

8 Mai

Jungle d’agences

Mercredi 5 mars

|H| Pour pas très cher et avec un bon confort, prendre une navette est la meilleure solution pour rallier Tupiza. À notre arrivée, c’est parti pour la recherche d’une auberge. La première, conseillée dans le routard, a son wi-fi en panne, donc nous allons voir leur autre adresse située un peu plus loin. Sur la route, un rabatteur, Jaime, nous propose un bon prix pour l’hôtel Pedro Arraya, et évidemment un tour au salar. On passe quand même par l’auberge prévue, Valle Hermoso, et y retrouvons deux français que nous avions rencontré au départ d’Humahuaca : Elsa et Maxime. Les deux se sont rencontrés en voyage et progressent ensemble depuis quelques temps. Au moment où nous entrons dans le hall, ils discutent d’un prix pour un tour. Nous les saluons, commençons à bavarder, ce qui n’est pas au goût du patron. « Arrêtez de leur parler ! Ils n’ont pas besoin de vous pour savoir ce qu’ils ont à faire ! » Très bien mon gars, tu viens de perdre cinq clients potentiels. Dans la jungle des agences de voyage, en voilà une qui est éliminée d’office.

Nous choisissons donc d’aller à l’auberge d’en face, et commençons à nous renseigner sur le tour avec Jaime. Sa proposition de prix est honnête, mais nous préférons courir les agences pour nous assurer de faire le bon choix. Le choix est pléthorique, mais très peu d’agences sont fiables. Après en avoir visité une bonne dizaine, nous sommes même certains que la plupart sont des façades pour une seule et même entreprise. Nous prenons nos quartiers dans le dortoir du haut, dépourvus de casiers mais le coin est plutôt tranquille. Au programme désormais : manger une bonne pizza. Dans une adresse touristique et pas très bon marché, nous attendons un bon moment mais ça finit par arriver. Heureusement les pizzas sont à la hauteur. Il n’est pas tard, donc en rentrant nous passons par quelques agences, certaines connues, d’autres non. Toutes proposent un prix équivalent, et en creusant un peu on obtient toujours un rabais de 150 bolivianos (environ 15 euros), sans jamais descendre en dessous de 1050 bolivianos. Difficile de comparer en se basant sur le discours arrangeant et mieleux des conseillers. Après concertation, nous préférons nous diriger vers une agence réputée plutôt que de chercher à économiser à tout prix. Demain nous ferons notre choix définitif.

Fausse frayeur

Jeudi 6 mars

Aujourd’hui, c’est temps libre pour chacun. Jumaï, Tracy et Matias vont faire du cheval avec l’agence de l’hôtel ; Jamie va tenter de louer un vélo et moi, je ne vais rien faire. Nous commençons bien la journée avec un petit déjeuner dans un joli jardin juste à côté de l’auberge. Matias, Jumaï et Tracy restent sur des saveurs classiques avec des toasts, jus de fruit et boisson chaude. Jamie et moi tentons une préparation de type humita avec viande enveloppée dans une feuille de maïs. Les prix sont élevés, mais le cadre est plaisant. Ensuite, nous terminons notre tour des agences par la plus connue et la plus ancienne, Tupiza tours. Comme nous sommes cinq, ils nous proposent de partager une cuisinière pour deux voitures pour que nous ayons plus de confort. Tous les tours ont toujours un chauffeur-guide et une cuisinière dans la voiture, ce qui limite les places disponibles à cinq. Ainsi, nous pourrons être à l’aise dans une voiture rien que pour nous, et rencontrer d’autres personnes durant le tour. Assurance de leur professionalisme, Tupiza tours nous propose de rencontrer le chauffeur si nous le souhaitons, mais je serai le seul présent à ce moment-là.

Pendant que Tracy, Matias et Jamie rentrent à l’hôtel, Jumaï et moi passons par les dernières agences envisagées. Grano de oro propose un itinéraire différent pour le premier jour, donc un peu plus passionnant. Mais nous ne trouvons toujours pas le critère déterminant pour nous décider. Notre choix se porte soit sur la moins chère de toute, celle de l’auberge, ou la plus réputée, celle de Tupiza tours. Juste avant le départ des trois cavaliers nous finissons par réserver chez Tupiza tours, paiement en cash, rendez-vous demain à 7h30.

Promenade à cheval

Promenade à cheval

Pendant la cavalcade des trois mousquetaire, Jamie et moi en profitons pour faire une sieste, puis partons nous promener chacun de notre côté. Lui cherche un vélo à louer, moi deux paires de lunettes de soleil et des chapeaux ; nous avons perdu une paire de lunettes depuis un moment et n’allons pas risquer nos yeux au salar. Je passe par le marché dans la rue, dédié à des contrefaçons en tous genres… mais pas de chapeau, ni de lunettes de soleil. Le marché noir, couvert et immense, me donne plus de chances et après avoir fait le tour, je finis par négocier la paire à 23Bs au lieu de 25. C’est la première fois que je discute un prix, mais la vendeuse ne me semble pas très réceptive et peu joueuse. On est en Bolivie, la négociation n’est pas une religion. Pour le chapeau, je comptais en trouver un drôle et pratique, mais le choix n’est pas génial. À travers les rues animés de Tupiza, je rentre tranquillement et achète de la coca à un vendeur ordinaire. On n’achète pas de la coca à des dealers, mais chez n’importe quel commerçant ; ici les feuilles à mâcher sont considérées, à raison, comme partie de la culture. Petit rappel aux lecteurs : même si elle est interdite en France en tant que stupéfiant, la coca n’est en fait ni une drogue, ni un psychotrope. Son effet est interne, puisqu’elle permet de fluidifier le sang (donc aider contre le mal des montagnes) et agir comme coupe-faim. Il ne faut donc pas la confondre avec son produit dérivé, la cocaïne, très dangereuse et vendue pourtant en quantité dans les pays occidentaux.

De retour à l’auberge, je croise Jamie qui n’a pas réussi à louer un vélo, il s’est donc contenter de courir. En tant que prof de tennis, il fait attention à sa forme et se réveille quotidiennement avec une série de pompes. Nous montons ensemble dans la chambre, les trois cavaliers sont rentrés. Comme deux adolescents qui fument leur première cigarette illégale, Jamie et moi goûtons la coca tout excités. Déjà accroc au maté, Jamie est ouvert à toute découverte locale, et même si la coca n’est pas spécialement une plante délicieuse, c’est une expérience amusante de la mâcher. Tracy n’est pas du même avis et crache sa dose. Jumaï et Matias restent mitigés et n’en prennent pas ce soir. En sortant chercher un lieu pour manger, nous croisons Maxime, inquiet de ne pas voir Elsa revenir. Il y a plusieurs heures, il a reçu son dernier messages depuis un cybercafé où elle parlait avec son copain sur Skype. Depuis, plus rien. Nous partons à sa recherche avec un autre français qui part avec le même tour que Maxime, demain. Elsa, elle, ne s’est pas décidée, elle n’a pas réussi à faire venir son amie restée à Uyuni. En attendant, l’inquiétude monte en passant par tous les lieux où elle pourrait être. Au cybercafé, personne ne nous donne de réponse, « je ne peux pas faire attention à la tête de tout le monde. » Au commissariat, le gros policier, affalé sur son fauteuil, se contrefout de savoir qu’une jeune étrangère puisse avoir disparu. Il appelle quand même une collègue, pas d’informations. À l’hôpital, pas non plus de trace d’Elsa. Nous rentrons bredouilles à l’hôtel, duquel Maxime contacte Elsa sur Facebook. Et là… miracle ! Elle répond « t’es où ? » alors que nous venons de la chercher pendant une bonne heure. Elle est en fait dans un autre cybercafé, toujours en ligne avec son petit ami. Au moins avons nous la conscience tranquille. Empathiques pendant la recherche de la disparue, un américain et une finlandaise du même dortoir nous conseillent une polleria pour manger. C’est parti pour trouver notre bonheur !

Tous ensemble, nous passons devant le cybercafé où notre disparue c’était planquée. Elle y reste et nous marchons de nouveau, jusqu’à tomber devant une parrilla appétissante, mais encore touristique. Jamie et moi faisons pencher la balance pour l’adresse d’en face, un boui-boui qui sert du poulet, du bien local. Allez, nous prenons le risque d’empoisonner tout le monde. Nous commandons un quart de poulet chacun avec assortiment de riz et frites. La garniture, du surgelé, est sans intérêt ; mais le poulet est à tomber par terre. La patronne nous explique son assaisonnement qui donne cette couleur verdâtre inquiétante à la chair du poulet. Pour un prix défiant toute concurrence, nous sommes remplis et bienheureux. On a entendu beaucoup de commentaires sur l’omniprésence indigeste du poulet en Bolivie. Si je pouvais manger ce type de poulet tous les jours, je le ferais ! Vive les pollerias ! Petite crispation pendant le repas pourtant : j’ai complètement oublié d’aller rencontrer notre chauffeur de demain. Espérons que nous n’aurons pas de mauvaise surprise. Maintenant, il s’agit de ne pas faire de vieux os, nous devons nous lever tôt demain, au dodo !

Premier jour : mission d’exploration interstellaire

Vendredi 7 mars

Jumaï et moi sommes rapidement sur pied et prêts, nos trois amis pas encore. Bien en avance, nous nous pointons chez Tupiza tours, et juste à l’heure, Tracy, Jamie et Matias pointent leur nez. Parfait ! On nous reproche de ne pas avoir été là la veille. Désolé ! J’avais des lunettes de soleil à acheter. Nous chargeons la voiture avec notre chauffeur guide, Poli. Très gentil, il n’est cependant pas très causant. À voir comment ça va évoluer. Cette journée se déroule quasiment exclusivement sur la route. Nous traversons de superbes paysages. D’abord, quelques jolis panoramas de montagnes.

Premier mirador sur les montagnes

Premier mirador sur les montagnes

Jamie et Hadrien gâchent le panoramaMonstres de cailloux
PicotsPause clope en altitude

Premiers regards sur le paysage

Nous nous arrêtons ensuite dans une plaine où broute un troupeau de lamas. Chaque pause est appréciable, je suis assis à l’arrière et la banquette ne laisse pas de place pour les jambes. Heureusement que nous ne sommes pas une personne de plus à bord, ça permet aux passagers du milieu de dormir. C’est mieux pour Tracy, un peu malade (type grippe/gastro). Pour en revenir aux lamas, ceux-ci sont coiffés de rubans roses. Pour les différencier ? Perdu ! C’est pour le carnaval.

Lama aux rubans roses

Lama aux rubans roses

Petits lamas

Petits lamas

Sur notre route, nous voyons des villages paumés où, visiblement, il y habite toujours des gens. Certains font même des processions pour carnaval. À chaque arrêt, nous sommes relativement nombreux, ne serait-ce qu’avec notre agence. Les 4×4 s’accumulent, ce sera peut-être l’occasion de rencontrer des gens. Au loin, des montagnes enneigées, puis nous arrivons au village abandonné de San Antonio de Lípez. Comme Poli est avare en explications, il nous passe un bouquin. Selon la légende, c’était une riche ville minière corrompue par l’argent et le vice. Les ennuis arrivent quand le Diable débarque. L’histoire devient de plus en plus complexe entre des maladies, des sorcières, des pactes avec le Diable, etc. En bref, tout le monde déserte le bled par peur de lui, et c’est ainsi qu’il n’y a plus âme qui vive dans ce village colonial. On ne trouve pas vraiment de détails terrifiants, les murs effondrés se suffisent à eux-mêmes. Le plus intéressant est l’église et son grand escalier. Jamie, fan de wc (baños en espagnol), prend la pose pour un projet secret en cours.

Baños dans l'église du Diable

Baños dans l’église du Diable

Ruines de San Antonio de Lípez

Ruines de San Antonio de Lípez

C’est déjà la fin de la journée. Avant le crépuscule, nous nous arrêtons à un point haut, très haut même, 4855m d’altitude, duquel nous pouvons observer la laguna Morejon. Depuis le début du voyage, nous montons progressivement au-dessus des critiques 4000m. La coca mâchée nous aide à surmonter l’épreuve, mais elle ne nous évite pas les maux de tête et de ventre, sans oublier les difficultés respiratoires. La coca a aussi un atout social, les boliviens en raffolent et acceptent volontiers quand on leur en propose. Poli mâche en conduisant, Modesta garde sa poignée dans les poches de sa robe. À tous les voyageurs au salar, achetez-en, vous ne pouvez pas les décevoir avec des feuilles de coca. Sur le point haut, nous admirons la vue, entourés d’empilements de pierres. Matias signe le sien.

Empilements et jolie vue

Empilements et jolie vue

Et bim !Vue scénique
Matias en pleine créativitéChrone
Coucher de soleil

Fin de journée en altitude.

Avant le repos du guerrier, nous passons l’entrée du parc national et nous acquittons de nos droits d’entrée. Maintenant, nous sommes prévenus, interdit de tuer les flamants roses ! Nous arrivons dans notre refuge pour la nuit. Le premier logement est dépourvu de douche, et très sincèrement ça n’a pas d’importance. À notre arrivée, une table garnie de petits gateaux et eau chaude pour du thé nous attend. Les trois voyageurs avec qui nous partageons la cuisinière sont déjà attablés : Jack et Holly, un couple d’anglais, avec Kirsten, new-yorkaise de 24 ans. Nous parlions déjà anglais tout le temps, ça ne risque pas de changer avec tous ces anglophones. Au moins nous ne sommes pas dans le club des franco-français voisin qui joue bruyamment aux cartes, Jumaï peut commencer à pratiquer son anglais. Un peu plus tard, c’est notre cuisinière, Modesta, qui rentre en scène. Une bolivienne pur sucre avec son chapeau, ses nattes, sa robe colorée et ses formes généreuses. Elle nous apporte un repas tout chaud, pas formidable mais largement suffisant pour ce soir. Nous faisons connaissance avec nos co-voyageurs : Holly est la copine de Jack, qui est cadreur pour National Geographic, et Kirsten est écrivain. Puis Raphaël (le guide de l’autre voiture) et Poli viennent présenter le plan de demain. Notre guide termine bien vite sa courte présentation, tandis que Raphaël fait le job, il donne des des détails et fait des blagues sur l’itinéraire. On ne peut pas avoir un guide enthousiaste à tous les coups, au moins Poli est-il un excellent et très gentil conducteur (il nous donne des sucettes), ce qui nous suffit amplement. Pas plus tard que nos guides, nous allons nous coucher, impatients de voir la suite. Nous nous attendions à des lits de camps inconfortables – il faut apporter son sac de couchage – mais nous avons de bon lits moelleux et propres. Pas si mal ! Il faut dire que la plupart des gens viennent ici pendant l’hiver (été en Europe), ce qui paraît un peu étrange quant au climat sévère de la zone.

Premier

Deuxième jour : borax, détergent, souffre et autres toxiques

Samedi 8 mars

La nuit n’a pas été de tout repos. L’altitude me force à réfléchir pour respirer, ce qui n’aide pas à dormir. Je pense dormir dans la voiture dès que l’occasion se présente. En attendant, nous avons de la coca en réserve pour tenir pendant les quelques pauses qui nous attendent. La première est très divertissante, puisque nous allons visiter des amis lamas encore dans leur enclos nocturne, ils sont libres toute la journée. Bien réveillés, ils nous font parfois rire (hilarante rumination), parfois peur quand leurs oreilles se plient vers l’arrière, signe d’un crachat imminent. Nous avons échappé de peu à la sanction du capitaine Haddock.

Lama ruminant
Attention, crachat à l'horizonMaisons d'éleveurs
Enclos nocturne des lamasBolivie représente

Nos amis les lamas

Cette journée s’annonce plus riche que la précédente, nous allons visiter plusieurs lagunes et déserts en enfilade. D’abord, première rencontre lointaine avec les flamants roses dans la laguna Hedionda sur. Le sol, toxique, peut tuer un cheval en trente secondes – non, ça c’est faux.

Laguna Hedionda

Laguna Hedionda

Cercles extraterrestres

Cercles extraterrestres

Ne pas toucherEn vrai les flamants roses étaient plus près
Vue sur la lagunaArrêts de 4x4

Nous débarquons peu de temps après dans un site d’exploitation de kollpa, matière utilisée depuis longtemps en tant que détergent. Je marche sur les petits chemins entre les bassins d’exploitation pour aller voir les flamants roses de plus près, avant que Jumaï me rappelle : je reste toujours trop longtemps sur chaque site.

Les flamants roses aiment le détergent

Les flamants roses aiment le détergent

Les flamants roses aiment le détergent

Plus tard, nous repasserons par le salar de Chalviri que nous passons à vive allure. Pour l’instant, direction la laguna Verde. Sur la route, nous nous arrêtons au bien-nommé Désert de Dalí. Quelques cailloux éparpillés plantent le décor surréaliste de l’endroit.

Panorama du désert de Dalí
Pierres picturales
Marche vers le destinPalette de montagnes
Synchronisation ?Panorama désertique

Dernière étape de la matinée avant de manger, la laguna Verde détient une particularité unique, à laquelle nous avons la chance d’assister. Elle change de couleur en fonction du vent et du soleil, généralement autour de 11h, passant du miroir à un bleu turquoise de toute beauté. À notre arrivée, nous pensions avoir raté le processus, jusqu’au moment où Modesta affirme voir la couleur changer à droite. D’abord incrédule, je prends l’appareil photo et me mets près de Jack, équipé de son Canon 5D, une bestiole autrement plus professionnelle que la nôtre. Il a mis en route un déclencheur automatique toutes les quatre secondes pour faire un accéléré avec toutes ses images. Malheureusement, il faut un logiciel spécial, Magic Lantern, pour pouvoir faire pareil avec notre appareil. Je me résigne donc à faire les photos une par une, manuellement, l’appareil posé sur un rocher. Le résultat aurait pu être meilleur, mais pire aussi !

Laguna verde avant le changement de couleur

Laguna verde avant le changement de couleur ; derrière le volcan Licancabur, c’est le Chili.

Laguna verde après le changement de couleur

Laguna verde après le changement de couleur ; magique ! Derrière le volcan Licancabur, le Chili a disparu !

Panorama de la laguna verde
Photo de groupe devant la laguna verde

Pendant que je m’appliquais sur mes photos, Jumaï parle avec des voix bien connues, celles de Raphaël et Laure ! Ils sont allés au Chili aussi (voir l’épisode sur Valparaíso), et avec le temps supplémentaire que nous avons pris pour parcourir le Nord argentin, ils nous ont rattrapés. À peine leur ai-je dit bonjour que nous repartons déjà en 4×4. Le temps est toujours trop court ! Si seulement c’était possible, ce serait formidable de pouvoir louer un véhicule et faire tout se parcours entre copains, avec ses propres réserves. En vérité, le chemin est vraiment difficile et nécessite une conduite exmplaire, notamment pour traverser des gués ou éviter de dangereuses roches. Poli est indispensable ! Il nous ramène à notre halte du déjeuner près du désert de Chalviri. Les toilettes sont payantes, donc je vide ma vessie dehors, et une gamine du coin me fait la morale. J’ai envie de lui dire que les lamas ne payent pas pour se soulager dans les prairies. Dans une salle commune surpeuplée, nous mangeons très bien, mais Tracy est malade et elle ne souhaite pas manger. Rassasiés, nous pouvons maintenant nous baigner dans la source chaude venant des sous-terrains. Autour, le salar est en partie recouvert d’eau. Les lamas marchent en ligne et animent ce magnifique paysage. (Si la première vidéo ne fonctionne pas, c’est un problème insoluble pour l’instant ; dans ce cas,
cliquez ici pour la voir sur flickr
)

[flickr video=https://www.flickr.com/photos/sansparapluie/14113229192]

[flickr video=https://www.flickr.com/photos/sansparapluie/13929755488]

Bonheur dans la source chaude

Bonheur dans la source chaude

Nous repartons sur la route après cette halte très agréable, presque trop chaude. Attention à la tête qui tourne quand on sort de l’eau. L’arrêt suivant est un peu plus impressionnant au petit matin, il s’agit de geysers crachant leur sulfureuse et odorante fumée. Au début de la journée, davantage de fumée sort des multiples trous en fusion. La boue bouillonne, les bulles éclatent, une cheminée fonctionne à plein régime. On resiste toutefois à la tentation de toucher à la boue en ébullition, on tient à nos doigts !

Cratères

Cratères

Cheminée

Cheminée

Théodore et Simba devant une cheminéeCuisson en cours
BubullesGoutte

Le tour des lagunes continue avec la Laguna Colorada, qui doit sa couleur à une forte concentration en algues rouges, dont les flamants roses raffolent. Ici, nous les voyons se nourrir en remontant le courant. Nous sommes à portée de vue, mais notre pauvre objectif 18-55mm ne permet pas d’en rendre compte. Une néerlandaise est justement en train d’essayer le téléobjectif qu’un compagnon de tour japonais lui prête. Jumaï s’immisce et emprunte le précieux au japonais ; elle peut tester le super zoom sur notre boîtier. La manipulation n’est pas aisée et il faut faire les réglages au jugé. Le résultat est souvent flou, mais plusieurs clichés sortent du lot.

Panorama de la laguna colorada
Flamants remontant le courant
Laguna Colorada à travers le murLaguna colorada fumante
Algues rougesColonie de flamants roses
Flamants gros plans 1
Flamants gros plans 2
Flamants gros plans 3

Le vent, très fort, oblige les flamants à contrer. L’un d’eux s’est rapproché du rivage, mais je n’ai pas l’appareil photo ! Je fais avec la Gropro, forcément le résultat n’est pas très bon, mais j’ai la chance de me promener seul avec l’oiseau pendant un petit moment. Et puis il est déjà temps de repartir, cette fois pour notre refuge. Nous y retrouvons Holly, Kirsten et Jack. La fin de l’après-midi est bien agréable au chaud, on discute autour d’un thé, Kirsten écrit dans son carnet de voyage (en retard, comme nous !), Tracy récupère dans notre chambre, Jamie va courir (!). Autour de nous, certains touristes craignent cependant la fin de leurs batteries d’appareil photo. La seule possibilité pour les charger est d’aller voir les propriétaires du refuge et laisser en charge les appareils dans leur cuisine, c’est mieux que rien. Après un repas bien copieux, les contrariétés commencent. Jumaï fouille dans ses affaires et confirme le doute qu’elle avait : elle a bien perdu son mérinos Ice Breaker à Tupiza. Les propriétaires de l’auberge n’étant pas vraiment sympathiques, aucune chance pour qu’on le retrouve un jour. Tout au plus nous répondrait-il un « no sé » tintinesque.

N o S é

Jusqu’ici, nous n’avions pas perdu beaucoup de choses. Malheureusement, ce mérinos faisait partie des objets de valeur, et nous n’arrivons pas à nous souvenir où et comment nous l’avons abandonné. Jum a le cafard maintenant, mais ça va passer. La vie continue, elle ! Plus tard, alors que la salle commune commence à se vider, je croise quelques cuisinières, dont Modesta, bourrées comme des coings. Elles seront quand même au pied de guerre demain matin !

Troisième jour : océan de roc

Dimanche 9 mars

Avant toute chose, nous revenons à la Laguna Colorada. De ce point de vue, la laguna reflète les montagnes, elle n’est pas rouge !

Laguna colorada d'un autre point de vue 1
Laguna colorada d'un autre point de vue 2

Laguna colorada d’un autre point de vue

Pas loin de la Laguna Colorada, des cailloux posés dans le désert de Siloli ont des formes d’arbres. L’arbol de piedra est l’un d’eux, et vous aurez probablement l’impression de l’avoir déjà vu tant il est célèbre.

Arbol de piedra

Arbol de piedra

Sur les énormes rochers, chacun escalade pour obtenir la photo la plus impressionnante. Avec Jumaï, nous allons un peu plus loin que là où tous se concentrent. Curieusement, un bâtiment hideux a été construit à l’abri du regard, probablement pour des gardiens. Si on en revient au décor, il nous fait penser à Tatooïne. Là, on aimerait bien avoir la voiture de Luke pour parcourir le désert, et évidemment devenir chevalier jedi.

Gros cailloux
Fine limiteDebout
Bonhomme en ombres

Forêt de cailloux

Un peu plus loin, nous faisons une halte demandée par Jack, Holly et Kirsten. Ils ont schématisé une idée de photo d’eux avec la voiture, leur guide Raphaël et Modesta. On en profite pour copier ! Derrière nous, encore des montagnes aux superbes couleurs.

De gauche à droite et de haut en bas Jamie, Jumaï, Tracy, Modesta, Hadrien, Poli, Matias

De gauche à droite et de haut en bas Jamie, Jumaï, Tracy, Modesta, Hadrien, Poli, Matias

Montagne palette

Montagne palette

Vient ensuite le passage par cinq lagunes en enfilade. Nous passons la première, la laguna Ramaditas, après quoi nous nous arrêtons à la laguna Honda. À pied, nous faisons le tour pendant que notre voiture nous attend. On accède à la rive en descendant une colline de petits cailloux qui permet de faire une pause pipi dans les sillons. Le miroir d’eau en bas n’a pas une ride d’eau avant que Matias ne fasse des ricochets.

Panorama de la laguna Honda
Ricochet

Nous sautons la laguna Charcota et parvenons à la laguna Hedionda, où vivent des flamants roses. Cette fois, pas de blague, ils sont vraiment près ! Les becs des échassiers raclent le fond boueux. Là où vivent les flamants, ça pue toujours un peu, mais le spectacle en vaut largement la peine.

Flamants racleurs

Flamants racleurs

En clou de la visite, nous avons de nouveau droit à des flamants roses à la laguna Cañapa. Visiblement, il y a un hôtel ici, avec wi-fi. Qui sait, peut-être que ça attire quelques blasés de la nature ; internet est bien la chose qui me manque le moins à ce moment-là. Au bord de l’eau, des panneaux et bouteilles de plastique lestées interdisent formellement de s’approcher de l’eau. À cause de la toxicité du sol, peut-être, car le panneau n’est pas clair. Ça n’empêche pas certaines personnes de passer la frontière virtuelle en gloussant. Comme par hasard, ce sont…….. des Israéliens ! Une fois de plus ils attirent l’attention sur eux. La question n’étant pas tellement de savoir si oui ou non les barrières virtuelles sont légitimes, mais plutôt pourquoi les seuls qui ne captent pas le message sont toujours les mêmes. Pour en revenir aux choses positives, le paysage est une fois de plus magnifique et nous voyons nos derniers flamencos. Snif.

Flamants de la laguna Cañapa

Flamants de la laguna Cañapa

Après tous ces volatiles, nous allons manger entre les pierres dans un lieu visiblement connu des viscaches, sorte de rongeurs de la famille des chinchillas. Les guides connaissent bien la combine et les nourrissent pour épater les touristes. Il faut dire que la bébête est adorable et plus très farouche, pas au point de se laisser approcher cependant. Entre deux photos, nous mangeons en discutant, dans un soleil furieux et pas désagréable pour un sou.

Viscache en voie de domestication

Viscache en voie de domestication

Pause digestion

Pause digestion

Le bon côté d’un guide pas très bavard, c’est qu’on peut mettre la musique qu’on veut dans notre voiture. Seulement, il arrive que la clé USB de Poli reprenne le dessus quand personne ne branché son iPod. Nous avons droit alors à une liste de lecture éclectique (mais toujours bolivienne), le pire étant quand revient le « Justin Bieber » bolivien. Il chante (pardon, massacre), avec une voix suraigüe, des chansons populaires sud-américaines, dont une chanson argentine que Matias connaît bien. C’est un traumatisme auditif qui revient régulièrement nous hanter. Pour nous sauver, Vampire Weekend, Ratatat, Kings of Leon et des morceaux eparpillés servis par les appareils de Matias ou Jumaï. Jamie n’a pas sur lui les morceaux de son groupe ; ils ont eu du succès et de l’argent en Irlande en jouant des reprises. Jamie s’est bien essayé à l’écriture en arrêtant le travail pendant un an, mais la vérité, c’est que les gens aiment des classiques, et goûtent peu à de nouvelles sonorités.

Nous retrouvons les viscaches dans le site de la Valle de Rocas, avec vue sur le volcan Caquella, toujours en semi-activité. Les pierres ici prennent des formes liquides, comme des vagues pétrifiées. Mais le plus impressionnant reste sans doute cet énorme spécimen d’Azorella compacta, appelée Llareta en espagnol. Cette plante pousse un millimètre par an, donc un gros spécimen comme celui-ci est probablement plusieurs fois millénaire. Sur le côté, la grosse plante commence à se corrompre et perd peu à peu sa vie ; malgré son aspect mousseux, la plante est très dure. Comme elle se développe sur des cailloux, elle se coule dans les interstice ne fait plus qu’un avec le minéral.

Roches liquides et volcan Caquella

Roches liquides et volcan Caquella, toujours en activité

Azorella compacta géante

Azorella compacta géante

CorruptionTrou de roche
Roches vaguesViscache timide

Valle de rocas

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises rocheuses. Après avoir passé une voie ferrée, notre dernière étape de la journée, c’est une mer de coraux fossilisés. Voilà des millions d’années, la mer recouvrait les environs. Alignés par un courant qui n’existe plus, les coraux s’étalent à perte de vue.

Coraux fossilisés

Coraux fossilisés

Au cours de tout tour au salar d’Uyuni, il y a une nuit dans un hôtel de sel près du désert de sel. Après avoir traversé un autre salar et acheté des bières dans un village, il reste encore à trouver un hôtel disponible. Premier hôtel : complet ; deuxième : complet ; troisième : fermé. Le soleil est sur le point de se coucher, visiblement l’agence n’a pas réservé. Nous dépassons l’entrée du salar et parcourons une bonne distance avant de parvenir à notre refuge, dans un hameau désert. En fait d’hôtel de sel, il faut entendre « décoré de sel. » Les lits, les meubles sont bien en sel, le sol est couvert de sel, les murs ont un goût de sel, mais il ne s’agit que d’enduit sur des blocs de béton. Au moins avons nous l’hôtel pour nous huit, voire même le hameau. Avant que le soleil ne s’éteigne, nous buvons un coup au terrain de basket désert. Nous jouons à un jeu qui consiste à faire tourner une pièce sur elle-même comme une toupie. Elle passe de main en main, celui qui la fait tomber a perdu. C’est un bon passe-temps, censé faire boire mais qui fait surtout mal aux doigts.

Holly au tir de pièce

Holly au tir de pièce

Autre jeu amusant : chacun choisi un animal et a un signe particulier. Le but est de faire son signe pendant un rythme collectif, puis celui d’un autre pour se le passer, jusqu’à ce que quelqu’un échoue. Bref, les enfants s’amusent bien ce soir.

Kirsten et Jamie rigolent bien
Holly et KirstenTracy au crépuscule

Crépuscule au terrain de basket

Retour au bercail où nous retrouvons une Modesta en mauvais état. Elle a mal au ventre et a du mal à bosser. Elle nous sert des pâtes à la bolognaises, puis Matias l’aide à préparer les pancakes de demain ; Jamie, Jack et moi faisons la vaisselle. La soirée se poursuit ensuite dans la salle commune. Matias tente de nous expliquer le jeu de carte national argentin, El Truco. Problème majeur : le jeu n’a pas les classiques pique, coeur, carreau, trèfle mais ses propres variantes. Intégrer les règles (complexes au demeurant) nécessite donc de revoir toute la logique qu’on connait. J’aurais aimé connaitre toutes les règles, mais rapidement tout le monde autour de la table a déjà abandonné. Ce sera pour une autre fois ! Avant d’aller nous coucher, je tente une photo à longue exposition du ciel étoilé le plus clair du monde. Sans pied et avec un peu d’astuce, le résultat n’est pas si mal. mais ne représente pas la magnifique Voie Lactée que nous avons sous les yeux.

Ciel étoilé bolivien

Ciel étoilé bolivien

Quatrième jour : on a marché sur Uyuni

Lundi 10 mars

La nuit a été un cauchemar pour moi. Sans entrer dans les détails, j’ai eu un terrible mal de ventre et ai du aller plusieurs fois aux toilettes dans la nuit. Holly a eu la même chose, et alors que nous pensions que c’était la nourriture qui était avariée, c’est plutôt l’altitude qui nous a rendus malades. Les autres on souffert un peu, mais pas autant que nous. En guise de souvenir, j’ai bouché les chiottes, comme Peter dans La Classe Américaine. Même malades, nous profitons du lever de soleil sur le salar, un moment de pure extase. Sans commentaire.

Halo rose
Prière au soleil
Amitié
Vers l'infiniSol de sel
Simba loin de chez luiTracy solitaire
Jusqu'au 4x4

La rétine bien cramée, nous allons prendre le petit-déjeuner sur l’île centrale du Salar, appelée Incahuasi. Pendant que Modesta, toujours pas en forme, sort les victuailles de la voiture, nous allons au sommet de l’île peuplée de cactus candélabres. A raison d’un centimètre de croissance par an, beaucoup d’entre eux ont entre 400 et 500 ans, voire 1200 ans pour les plus vieux. L’île elle-même est sculptée par des coraux fossilisés, dont la texture évoque un décor artificiel de parc d’attraction. En haut, nous avons une jolie vue sur le désert immaculé, tandis que l’île continue à m’epoustouffler – et m’essouffler. Les maux de ventre et l’altitude me ralentissent considérablement. De retour près du 4×4, je ne mange presque rien avec une tasse d’infusion de coca, c’est bien meilleur que la mastication.

Vue 1 sur les cactus candélabre de l'île Incahuasi
Vue 2 sur les cactus candélabre de l'île Incahuasi

Vues sur les cactus candélabre de l’île Incahuasi

Les 4×4 nous récupèrent plus loin, après une marche autour de l’île. Des blocs de sel ont été abandonnés (ou sciemment laissés ?) et utilisés par des touristes inspirés (ou non). Certains ont écrit leur prénom, d’autres ont construit des murs. Jack se barricade en cas de bataille de boule de neige, quant à moi je compte le nombre de côtés des mailles de sel au sol. Quasiment toutes ont six arêtes, je vous laisse recompter. L’eau ne délaisse pas le sel au hasard !

Maillage de sel
Jack en embuscadeSur le mur

Les guides nous emmène à un autre endroit du salar. C’est la pause photo-obligatoire-du-salar-avec-des-illusion-marrantes-mais-pas-crédibles. Au fond, je n’ai rien contre s’amuser avec la perspective, moi aussi je le fais. Le seul problème, c’est que toutes ces photos, aussi bien trouvées soient-elles, sont toujours (trop) posées. Aucune ne parait spontanée, réelle, on sent les sourires crispés, le « un peu plus en arrière » ou le « attention, bouge pas ! » Il se trouve que nos photos à nous sont ratées, pour une raison simple : avant de rencontrer David à New-York, je ne savais pas que le réglage de la focale influençait la profondeur de champ. Si ce que je viens d’écrire vous parait être du chinois, je le redis. Plus la valeur de la focale est basse (1,8 par exemple), plus il y aura de flou en dehors de la partie sur laquelle on aura fait le point ; l’avantage, c’est que la photo sera plus éclairée. Si la valeur de la focale est haute (20 par exemple), les éléments au premier et à l’arrière plan seront dans le même champ de mise au point ; l’inconvénient, c’est que la photo sera plus sombre. En clair, si j’avais tout simplement demandé de l’aide à Jack, Jumaï et moi aurions réussi la photo avec moi et Théodore. Pour en revenir aux photos aplatissant la perspective, l’autre problème c’est qu’on meuble l’instant unique dans le salar par des photos inutiles. Dans un endroit pareil, on aurait du en profiter pour méditer, penser à rien, à tout ; profiter d’un lieu sans humains alentours, sans construction, sans route, sans vie sauf soi. Mais non, on prend des photos stupides pour pouvoir dire « moi aussi, comme tout le monde, je l’ai fait ». Au risque de paraitre rabas-joie, je pense qu’on rate le salar en produisant ces images sans intérêt.

Marche épique

De gauche à droite : Hadrien, Jum, Kirsten, Matias, Holly, Jack, Jamie, Tracy

Photo de groupe

De gauche à droite et de haut en bas : Raphaël, Matias, Jamie, Holly, Jack, Poli, Kirsten, Tracy, Modesta, Jum (la seule au courant qu’il y avait une rafale de cinq photos), Hadrien

Théodore et Simba au salarSel au monde
Le styleHexagone

Notre dernière étape dans le salar consiste en un musée du sel, accessible sur achat d’un souvenir, et d’un présentoir à drapeaux. Entre autres drapeaux, celui du Japon, du Canada, de la Bolivie, de la Bretagne, et même de la Vendée ! Celui de la France, curieusement, manque à l’appel. Seule explication possible : des jaloux l’ont retiré. Après un petit tour dans le coin, je comble le manque spirituel éprouvé à la séance photo de tout-à-l’heure par un salut au soleil. Ainsi se termine notre visite de l’incroyable salar d’Uyuni, entre terre et ciel, quelque part sur une autre planète.

Tour de taille Jésus Christ

Salut au soleil

A la sortie du salar, nous faisons une halte dans un hameau dédié à la vente de souvenir. Pendant la préparation du repas, nous avons la possibilité d’acheter des pulls en laine et de la pacotille. Avec Jum, nous repoussons les achats à La Paz, moins chère et de meilleure qualité. Jum en profite pour aider Modesta à la cuisine, et discute de leurs conditions de travail. Le pire dans le travail de Poli et Modesta, c’est la fréquence des départs. Parfois, ils n’ont pas la moindre pause entre deux tours, difficile pour eux de voir leur famille. Parfois, au contraire, ils attendent un moment avant de prendre la route. Précisons aussi que Poli, sans broncher, a conduit 12h d’affilée le premier jour, avec une prudence et une dexterité qu’il faut saluer. Ainsi, notre expérience avec Tupiza tours a été parfaite du début à la fin, même si on peut déplorer que les employés n’aient pas plus de congés.

Après le désert de sel, difficile de faire mieux. C’est avant tout pour une question de dramaturgie qu’il vaut mieux partir de Tupiza : on termine ainsi par le clou du spectacle plutôt qu’être de plus en plus blasé jusqu’à la fin. L’autre raison que nous allons vite comprendre, c’est qu’Uyuni est laide, désagréable et surbondée. Malgré les agences rapaces de Tupiza, la ville est plutôt paisible et plaisante. Je ne peux que recommander de commencer un tour par Tupiza, même s’il apparait que les prix sont un peu plus élevés. Mais avant même de parler d’Uyuni, nous passons par le cimetière ferroviaire, où dorment pour toujours de vieilles locomotives et leurs wagons. Pourquoi on n’a pas de cimetière comme ça en France ? Qui sait, peut-être qu’on a refilé nos antiquités à des pays comme la Bolivie. Dans les vieilles locomotives, les rêves de conducteurs de train se réalisent enfin, ne manque plus que la casquette de cheminot et l’immersion est totale. On pense aussi aux pauvres gars qui devaient remplir le charbon dans les fours des locomotives, avec une chaleur torride et le visage couvert de poussière. On devait pas déconner tellement à la tête d’un train à l’époque. Pour nous, le divertissement est à son comble avec des balançoires et une photo de groupe sautée. Forcément, personne n’a suivi mon décompte et est soit parti trop tôt, soit parti trop tard, c’est ça qui fait le charme du cliché !

Loco loca

Loco loca

Balançoire
Jamie cheminotHadrien aux commandes
Kirsten sur la balançoireFournaise
À travers le moteur

Cimetière ferroviaire d’Uyuni

Ça y est, notre périple dans le Sur Lipez est terminé. Poli nous dépose juste devant le « terminal » de bus d’Uyuni. En fait de terminal, il s’agit d’une grande rue avec des compagnies et leurs bus stationnés devant. La traversée de la ville nous conforte dans l’idée que Tupiza est un meilleur point de départ. C’est pourquoi nous partons le plus vite possible pour Potosí. Jack, Kirsten et Holly s’y arrêtent avec nous ; Matias, Tracy et Jamie reprennent un bus de Potosí jusqu’à Sucre. Pour nos tickets, il y a foule de touristes qui partent. Une vendeuse appelle pour un départ dans la demi-heure, parfait ! Les israéliens que nous avions déjà vu à la laguna Cañapa veulent prendre le même bus. Je prend l’initiative et obtiens les derniers billets pour nous huit, tout juste ! Tant pis pour les autres, parfois il faut être rapide.

Dispersés dans le bus au confort très correct, nous partons pour un long trajet qui serpente dans les montagnes. En route pour de nouvelles aventures !

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