Premières impressions

10 Jan

Premier jour à Buenos Aires, après 14 heures d’avion pas si mal (bons repas, bon service, sièges corrects et films à volonté) mais pas reposantes. En arrivant, on prie pour que nos bagages arrivent. Il faut dire que le bagagiste de Roissy nous a un peu fait peur en nous disant que les sacs avec cape de pluie mise – c’était notre cas – étaient souvent perdus, la faute à une manutention mal aisée.

Pensant bien faire, nous allons au guichet des « remises » (en español), où nous réservons un billet de remis. Mais arrivé au stationnement, il s’agit non pas d’un taxi, mais d’un car. Et quel car ! Ici en Argentine, les fauteuils sont LUXUEUX ! Larges, confortables, permettant de s’allonger aisément. Avec un car de ce style, nul doute que nous dormirons bien entre Buenos Aires et Iguazu !

La suite est moins confortable, puisque, comme c’est un car, il s’arrête à une gare routière au Nord est de la ville. Nous décidons de prendre le métro et trouvons rapidement. Mais une fois à Bulnes, notre arrêt, il reste encore beaucoup de marche pour atteindre l’auberge. On n’est pas perdus, mais on demande quand même notre route – ou les habitants nous aident spontanément. Ainsi, un drôle de bonhomme édenté et analphabète, assis sur les marches d’une église, nous conseille de passer la porte de l’édifice religieux pour demander de l’aide. Un peu après, un suisse qui vit là deux mois par an nous indique une fausse direction sur son iPhone en confondant Lavalle et Lavalleja.

On finit par trouver, une voisine de l’auberge qui nous confirme qu’elle existe bien, malgré l’absence totale de devanture. C’est Pierre qui nous ouvre, un français qui vit ici depuis 3 mois. À 6€/jour, on comprend pourquoi !

Vous êtes venus avec le guide du routard ? Ça a changé de propriétaire, Renato est en train de finir les travaux.

L’auberge n’est pas officiellement ouverte mais les « routards » sont accueillis à bras ouverts.
Le lieu est très joli, et après une douche, Renato le « patron » nous fait visiter. Ça ressemble davantage à une colocation qu’une auberge, tant l’ambiance est accueillante.

Le gros camion devant l'auberge

On se décide à sortir après avoir terrassé une bouteille d’eau fraîche. Il fait chaud, tres chaud, et selon Renato, à Iguazú ce sera encore pire ! 50 degrés et pas de moyen de se baigner, mais une amie à lui a une bonne astuce. On testera ça sur place.

Notre première excursion dans la capitale semble irréel. Ce n’est pas un rêve, nous sommes bien en Amérique ! Les similitudes avec notre chère Europe latine sont nombreuses, tant et si bien qu’on se sent chez soi. Quelques signes nous rappellent la réalité sociale du pays : on croise des glaneurs de poubelles à sac à dos ou énorme carriole (à Paris aussi, il y en a, cela dit) ; devant les magasins, les agents de sécurité fleurissent et protègent les richesses.

Nous faisons de très bonnes rencontre avec les habitants, qui nous abordent volontiers comme ce vieux bavard qui nous parle de l’architecte de la banque brutaliste. Tant bien que mal nous tentons de comprendre ses traits d’humour.

Sur la Plaza de Mayo, nous interrogeons l’un des activistes qui luttent pour la reconnaissance des universités libres et gratuites du pays – et, disons le franchement, à forte coloration « anarcho-gauchiste ». Deux types font la grève de la faim, et par cette chaleur on ne sait pas comment ils tiennent depuis 10 jours. Cristina Kirchner, l’actuelle présidente de la  » Nation argentine » qui succède à son mari est pointée du doigt et sommée de prendre des décisions rapidement.

Révolutionnaire sur la plaza de Mayo

Autre lutte, perdue d’avance et silencieuse, celle du dernier bâtiment industriel de Puerto Madero, port reconverti en zone de bureaux et quais à bars (qui a dit « hangar à bananes » ?). Cet endroit résonne avec nos villes européennes, où tout opportunité immobilière est bonne à prendre. Ici cependant, « l’architecture » n’a fait aucun cadeau au patrimoine industriel. Aussi, le silo en cours de démolition se pose comme le dernier survivant à la rénovation. Dans le coin, quelques curiosités, notamment le superbe pont « de la mujer » par Calatrava :

C’est un quartier féministe, toutes les rues ont des noms de femmes.

– Renato –

Le silo esseulé

Puerto de la mujer

De l’autre côté du pont, une sculpture affreuse en hommage à la reine des Pays-Bas, financée par les entreprises les plus riches – et les plus pourries – des Pays-Bas : Unilever, ING direct, Shell, ils sont tous là. On ne voit pas bien quel est l’intérêt de chacun dans cette histoire, tant la réalisation est ennuyeuse à mourir.

De retour à l’auberge, Jumaï pique un roupillon et on a accès à internet. On vous fait donc de gros bisous de Buenos Aires.

Regard d'un cycliste

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