Un pas vers la Patagonie

24 Jan

La chaleur nous aplatit dans la capitale, une fois revenus des chutes. De l’eau plein les mirettes, nous sommes contents de retrouver l’auberge-coloc. Avant ça, nous avons dû subir un trajet mouvementé en car : au bout d’une heure de route, le car s’arrête à une station service pour réparer la boîte de vitesse.

Américaine

On attend pendant deux bonnes heures, et le spectacle en vaut la chandelle. Des éclairs tombent du ciel, l’orage crée une ambiance incroyable qu’il me serait difficile de décrire, si ce n’est avec ces quelques clichés volés à la foudre.

Ambiance électrique

Au terminal de bus Retiro, nous nous empressons d’aller acheter nos billets pour Puerto Madryn. On demande à quelques guichets au pif, mais évidemment les prix sont partout les mêmes. Je croyais que le système de vente de billets était ultra-libéral, en vérité les différentes compagnies de bus appliquent un même prix, entendu ou imposé ? No se. On reclame la réduction étudiante, on nous la refuse sous des prétextes bidons : « elle n’est valable que pour les étudiants argentins, » « elle ne fonctionne pas pour ce trajet, » Bref, on se moque de nous. Nous réessayons au guichet Andesmar de l’aller où ce monsieur nous avait accordé la réduction sans rien demander. Là, c’est une petite dame qui occupe le guichet. Bingo ! Non seulement elle nous accorde la réduction sans rien nous demander, mais en plus elle est d’une formidable gentillesse et d’une grande prévenance. Si vous prenez le bus depuis Retiro dans les prochains mois, on ne peut que vous recommander d’aller au guichet 147 Andesmar, ils vendent aussi des billets d’autres compagnies.

À cause du retard du car et de notre détour par le guichet des gentils vendeurs, nous ne pourrons pas aller au MALBA comme nous l’avions prévu : il ferait nuit avant d’y être et Renato nous déconseille le quartier le soir. À la place, nous visitons Palermo viejo et Palermo Hollywood.

Camillo

Dans une petite rue décorée de graffs, un chat miaule derrière une porte en métal – sur laquelle est peinte un chat. La place Cortazar est un point de rencontre pour toutes sortes de gens. Entre le tumulte des automobiles et la musique des bars encore vides, des jeux font le bonheur d’une myriade d’enfants. Palermo Hollywood nous plait moins : que des restos, peu d’ambiance. Le quartier est chic et ça se voit. Nous terminons notre parcours par une parrilla délicieuse, où nous faisons la bêtise de dévorer tout le chimi churri avec du pain, alors qu’il s’agit d’une sauce pour la viande (délicieuse au demeurant).

Le lendemain, nous allons enfin au rosedal qu’Alejandro nous a chaudement recommandé, en plus des parcs, tous concentrés au nord de Palermo. Il fait chaud, très chaud. Les argentins ne sont pas les professionnels du parc, la plupart des entrées sont fermées et il nous faut faire le tour du jardin botanique pour atteindre le rosedal, un endroit bien romantique décoré de… roses. On rencontre Gontran, un canard hautain avec une houpette.

Le MALBA n’est plus très loin, mais chaque pas nous coûte cher en litres de sueur et d’eau potable – et encore, nous sommes sous l’ombre des arbres. On passe devant un club amical – entendez par là club de gens fortunés ; des parents larguent leur marmaille pour le court de tennis ou la piscine. Enfin ! Le musée pointe le bout de son nez. Nous aurons donc fini par voir au moins un bâtiment conçu par de vrais architectes d’aujourd’hui. L’ensemble est une réussite : belle lumière, belle scénographie, beaux espaces d’exposition. Des coursives à chaque étage donnent sur l’atrium et donnent accès aux expositions, dont la visite n’est pas contraignante : on sort et on entre dans le sens qu’on veut, ça n’a pas d’importance. Les coursives laissent place à quelques œuvres qu’on peut aussi apprécier depuis les escaliers mécaniques une fois la visite terminée. Une terrasse dépréciée mais accessible fait penser à l’IMA de Nouvel – avec une finition bien meilleure. La collection est d’une grande richesse, d’autant plus qu’on ne connaît pas les artistes exposés. Pas de super coup de cœur (et non supercopter), sauf cette exposition faite sur mesure par l’artiste Liliana Porter. Son œuvre-univers composée de bibelots, objets divers (sables colorés, recipients, bris de porcelaine, piano, fils), et petites figurines nous absorbe pendant un bon moment.

Liliana Porter

Deux bancs créés par des artistes nous donnent envie d’avoir les mêmes à la maison. L’un des deux se ramifie à travers tout l’atrium du musée. En définitive, on ne peut que chaudement recommander ce musée, que ce soit pour son architecture et/ou pour ses expositions, qui ont de plus la qualité d’être aisément parcourues en deux heures (et en prenant son temps, foi d’Hadrien). La bibliothèque et la petite boutique de créateurs sont dignes d’intérêt.

Après le musée, nous pensions repasser par les parcs à la fraîche, mais nous renonçons, faute d’énergie. À l’auberge, je tente de convaincre Jumaï – en vain – d’aller voir Jennifer, un film style Carrie un peu nanar par un ancien de Disney. En plus, Renato nous avait proposé d’y aller ensemble ; dommage. Une fois de plus, après manger et discussion avec les gars, on va dormir comme des masses.

Le lendemain, nous pensons avoir le temps avant d’aller prendre notre collectivo à 19h15. Erreur. Jumaï et moi nous réveillons assez tard, et nous devons faire nos sacs. On espère pouvoir faire quelque chose (San Telmo ou les lieux du centre que nous avons loupée), mais finalement on se contentera d’une promenade sur Córdoba et d’une galère pour trouver des sous et faire nos courses.

Renato et Jumaï sur le départ

À Retiro, le car arrive avec 1/2 heure de retard – nous avions 1h d’avance. S’ensuit le trajet en car le plus long depuis le début du voyage. Au bout d’une heure de route, le car a un problème technique et nous patientons sans climatisation dans un bled sans intérêt autour de Buenos Aires : 2h d’attente. Au bout d’une nuit de trajet, on s’arrête à Bahia Blanca qui n’est pourtant pas si loin de la capitale. À peine quitté le terminal, le car s’arrête dans un garage à car. Nous attendons, puis, pour une raison inconnue, on fait deux fois le tour de cette maudite ville avant de s’arrêter de nouveau. Heureusement, pour une fois la programmation cinématographique n’est pas mal : bon son, écrans cathodiques avec une bonne image (mais de la neige dès qu’il y a une bosse sur la route), films de bonne facture (Captain Phillips avec Tom Hanks ; une sorte de comédie romantique argentine avec un nain). Le service est pas mal, mais les sièges laissent à désirer. Pour les 23 heures que nous avons passé dedans, c’est un comble.

Nous arrivons à Puerto Madryn avec 5h de retard. Pas le temps de chercher un bon endroit où dormir, on va là où il reste de la place. L’auberge est chère, mais elle nous permet de rencontrer Marta, Élias et Manu (au féminin). C’est parti pour la découverte de la Patagonie.

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