Mieux qu’un safari

27 Jan

Samedi 18 janvier

À peine arrivés à l’auberge, un espagnol me demande si nous serions intéressés par le partage des frais pour une voiture de location. La péninsule Valdes comprend un circuit de plusieurs centaines de kilomètres qui nécessite une journée pour être parcouru. De plus, il faut faire 90km depuis Puerto Madryn pour y accéder. Autant dire qu’à pied ou à vélo c’est hors de portée. J’ai du mal à répondre à Élias qui parle pourtant un espagnol limpide. Marta, sa femme, et Manu, une française, arrivent à la rescousse. Jumaï et moi acceptons la proposition sans hésiter : seuls, nous n’aurions pas pu nous permettre de louer une voiture.

La route droite

Dimanche 19 janvier

Le lendemain, départ à 7h30. On en apprend plus sur Manu : elle habite en Suisse depuis 15 ans et a entrepris un voyage d’un mois, seule, entre deux emplois. Marta et Élias sont simplement partis pour quelques semaines en amoureux. Notre petite troupe part en Ford KA, une caisse à savon qui semble inappropriée pour les routes de graviers de la péninsule. Sur les premiers kilomètres on aperçoit déjà des guanacos, sorte de lamas sauvages. Quelques oiseaux « estúpidos », des martinetas traversent aussi la route. Leur particularité : tenter de traverser uniquement quand une voiture arrive, puis faire volte face quand le risque est trop grand. Pour nous européens le décor paraît irréel : les routes sont toutes droites, et les alentours déserts. Nous ne nous doutons pas alors que ce paysage serait le même pendant des centaines de kilomètres, à perte de vue, pendant une grosse partie de la Patagonie.

Manchot de Magellan

Sur la route de la péninsule, plusieurs points de vue permettent d’admirer des colonies d’animaux sauvages, en totale liberté. En premier, nous passons voir les manchots de Magellan. C’est incroyable ! Ils sont à moins d’un mètre des barrières, allongés ou debout les yeux fermés : ils glandent sévère. Si j’avais su, un jour, que plus tard je verrais ces animaux en liberté mais si près de moi, je ne serais jamais allé au zoo. Quel plaisir de voir qu’ils sont sans contrainte, sans heure de repas fixe. Là au moins, on sait qu’ils ne font rien si ça leur chante.

Ensuite, un tour par les éléphants de mer. Mettons fin à d’interminables débats : les éléphants de mer sont des phoques, reconnaissables au pif typique des mâles. Ils se déplacent comme des chenilles, faute de pattes arrières vraiment capables, contrairement aux lions de mer. Ces derniers sont de la famille des otaries et le mâle a une sorte de gros goître. Leur tronche ressemble d’ailleurs vaguement à celle des lions de terre. Les éléphants de mer ne sont pas passionnants : seuls les femelles sont là, et elles ne font que dormir. Ces grosses saucisses s’étalent tranquillement sur la plage ; certaines se déplacent avec peine d’un mètre, puis se recouchent, las d’avoir fait tant d’efforts.

Lions de mer

Plus loin, on peut voir les lions de mer, pour qui c’est la période de reproduction. Des bébés déjà nés grouillent entre et sous les adultes. Les mâles se battent pour la deuxième tournée de reproduction. Le mâle qui réussit à se faire une femelle l’écrase sous son poids en creusant un trou. Elle n’a pas son mot à dire. En comparaison, les manchots de Magellan sont d’une rigueur extrême, puisque les couples de manchots se forment pour la vie. Les lions de mer offrent un spectacle incroyable, que ce soit au niveau visuel, sonore ou olfactif (on vous laisse deviner ce que ça sent). Autour de ces énormes bestioles rodent de nombreux goélands et des espèces de gros goélands gris à très grande envergure (au nom inconnu). Ils cherchent un peu de placenta à picorer, mais le gardien nous apprend qu’il leur arrive, par erreur, de dévorer les entrailles d’un petit en commençant par le cordon ombilical. Certains goélands ont le bec et la tête couverts de sang.

Piche

Nous pique-niquons près des toilettes – glamour. Il n’y a pas de table de pique-nique, et quand on voit le comportement des gens on comprend pourquoi. Les touristes donnent à manger aux tatous locaux, les piches, qui n’hésitent pas à venir quémander. Il y a encore du boulot pour supprimer les panneaux indiquant expressément de nourrir les animaux sauvages.

Lion de mer et parasites

Après être retournés voir les lions de mer, nous faisons un tour par Puerto Pyramides pour faire le plein. Le lieu est ultra touristique mais l’accumulation de sédiments qui forme un grand rocher plat est une curiosité. Élias réussit un saut par dessus une flaque ; la mer est cadrée par un goal donnant sur l’eau.

Cadrage

Malheureusement, la station service est fermée, nous devrons finir l’excursion avec tout juste de quoi finir (environ 90km), donc pas d’île aux oiseaux. C’est, dit-on, sa forme qui a inspiré Saint Exupery pour le dessin du serpent digérant l’éléphant dans Le petit prince. Une fois à Puerto Madryn, je pars faire les courses. Nous allons manger des légumes ! C’est le moyen que nous avons trouvé pour manger le plus économiquement. Et demain nous partons à l’aventure en stop !

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