Sur la route 40, deuxième acte : vers Bariloche

11 Fév

Lundi 3 février

Hier, en arrivant, il n’y avait personne dans le bureau du camping. Mais aujourd’hui on est lundi. Passera? Passera pas? Hadrien et moi devenons transparents et partons donc du camping en espérant que personne ne nous coure après.

Dans un voyage, il y a aussi des jours où on est de sale humeur. Dommage pour Hadrien, c’est mon jour ! Chaque mètre me paraît être un calvaire et je suis persuadée que rien ne va marcher comme il faut. De toute façon, le stop c’est nul, il fait froid mais il y a trop de soleil, j’ai pas envie de marcher, ni de m’asseoir. J’ai faim mais je ne veux pas de nos victuailles. Bref… L’EMMERDEUSE !
Nous allons donc nous renseigner des horaires et des prix des bus vers Bariloche. Il faut attendre jusqu’à 19h. Il est 11h. Je suis prête à rester assise dans la gare routière toute la journée mais Hadrien me convainc d’essayer le stop. Au bord de la route, je tends le pouce en faisant la gueule et sans grande envie mais la première voiture qui passe s’arrête et nous embarque. Adrian, alias Paico, nous emmène jusqu’au croisement de la route 40. Il parle aussi vite qu’il roule. On a compris qu’il aidait son fils pour livrer le courrier, qu’il travaillait dans une boulangerie en étant ambulancier mais qu’un jour il n’y avait plus de pain. D’où son surnom… Hmm voilà ! (Après vérification sur internet, le paico est une plante contre les coliques). Tout s’éclaire !!! Ou pas.

Donc après cette discussion enrichissante, nous poireautons 2h au milieu de nulle part (on commence à avoir l’habitude) jusqu’à ce que Manuel et sa fille Valentina s’arrêtent ! Ils sont chiliens, reviennent du parc Torres del Paine où ils passaient des vacances et retournent à Valparaíso. Voilà ma raison pour arrêter d’être de mauvaise humeur. On roule à toute allure dans un gros 4×4 Mitsubishi sur les routes de ripio (graviers) en écoutant Neil Young. Je remercie Hadrien de m’avoir poussé au c**. La conduite de Manuel est bien sportive. Il dépasse quiconque va à moins de 100km/h. Grosse explosion de joie non contrôlée quand nous doublons les deux allemands et leur camping car qui, visiblement, n’apprécie pas la route accidentée. On va tellement vite qu’on ne sait même pas si ils ont vu notre petit coucou narquois. Les pierres volent dans tous les sens, percutent le pare-brise du Mitsubishi et la poussière jaune entre dans l’habitacle et colonise nos narine, notre bouche et nos cheveux qui, désormais, tiennent tous seuls. C’est vraiment le voyage en voiture le plus cool ! Un peu de super glue sur les impacts et on repart. La route à perte de vue et toujours guanacos et nandous au milieu du vide patagon. Manuel nous explique qu’il partage ses 3 semaines de vacances entre ses deux familles. Il passe chaque été 1 semaine et demie avec Valentina, qui a notre âge. Tous les deux parlent un peu français. Manuel a vécu à Montréal et Valentina a choisi de l’étudier à l’université. Nous sommes tour à tour professeurs ou étudiants. Ils nous font découvrir la musique qu’ils aiment et il y a vraiment de tout : Charlie Garcia, Nicole, Los Prisioneros, Silvio Rodriguez,… Et des groupes plus internationaux (Carla Bruni…?).

Nous avions prévu de nous arrêter à Esquel pour visiter mais la route en leur compagnie est tellement chouette que nous décidons de poursuivre jusqu’à El Bolson. Nous quittons (enfin) peu à peu les étendues désertiques ! Il y a des arbres ! Des arbres ! Nous nous dirigeons vers la « Suisse argentine ». Dès que nous posons des questions à Manuel sur l’endroit où il ont prévu de dormir ou manger, sa réponse est toujours la même: « je ne sais pas, on va voir » (en français). Nous décidons d’adopter cette philosophie pour tout le reste du voyage. (Déjà qu’on était pas trop stressés…)

Du coup nous nous arrêtons à El Bolson, un village de hippies, sans trop savoir ce qu’il s’y passe. Dans une station service, Manuel fait la chasse aux bons restos. Nous allons finalement manger à La Lola. Gnocchis à la truite et au pesto (et à l’huile car ici ce n’est pas accessoire) pour les filles et grosse viande bien épaisse pour les « autres ». C’est l’occasion pour nous de les inviter à manger, même si on ne pourra jamais assez les remercier d’avoir croisé notre chemin. Finalement Manuel et Valentina veulent visiter la feria artesanal de demain. Nous allons tous nous poser au camping, plein d’affiches pour des cours de yoga, de clown et de messages prônants le végétarisme. Nous nous mettons au diapason: feu de camp, marshmallows (malvaviscos ou nubes) grillés et surtout, concert privé d’harmonica par Manuel.
On a passé une super soirée.

Feu de camp

Mardi 4 février

Visite du marché artisanal et dégustation d’empanadas. Nous déambulons entre les cosmétiques bios, les confitures maisons, les mandalas en laine et les dessins de gnomes (au secours ! J’aurais préféré que cette manie de dessiner lutins et farfadets ridicules resterait en Bretagne !) puis reprenons la route.

La route est belle ! Nous arrivons à San Carlos de Bariloche par un quartier qui détonne vraiment avec la description du routard. Ce n’est pas la petite ville proprette avec ses chalets en bois et ses saint-bernard qui défile sous nos yeux mais la décharge à ciel ouvert et les quartiers plus pauvres. On est loin du côté Disney de Bariloche.

Manuel nous dépose dans la rue touristique de la ville. Il faut encore dire au revoir. Mais cette fois c’est un peu différent, Valentina nous a fait promettre de la prévenir quand nous arriverons à Valparaiso, ou elle vit. Nous allons nous revoir. C’est sûr ! Une dernière photo, une dernière accolade et direction le camping !

Valentina y Manuel

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