Anti camping

28 Fév

Dimanche 9 février

Le camping où nous sommes n’est décidément pas comme les autres. Vers 8h, nous sommes réveillés par des hordes de canard qui braillent comme pas permis. Quand nous nous levons enfin, c’est un petit cochon qui farfouille non loin de notre tente. Poules et coqs sont aussi de la partie. Les propriétaires font sûrement des économies en laissant leurs animaux finir les restes des campeurs.

La mascotte du camping

Avec la lumière du jour, nous découvrons que des voisins ont installé leur tente sur une plate-forme en bois entre les arbres, et ils ne sont pas les seuls. Signe que la nuit a été longue, nous sommes les seuls personnes réveillées du camping. Encore indécis, nous démontons la tente sans conviction, avec l’intention de changer de camping. Mais pour quoi faire ? Ici on s’amuse bien, les gens se rassemblent dans un bon esprit. C’est décidé, nous restons une nuit de plus.

Tentes à étages

Il y a grosso modo 45min de marche jusqu’au bourg de Cucao. Juste avant, nous nous arrêtons à l’entrée du parc national pour manger un bout : empanadas géantes (mais pas succulentes) et notre premier completó italiano. Ce classique du sandwich chilien se compose de pain à hot dog, d’une saucisse, d’avocat écrasé, tomate (en purée ou morceaux) et mayonnaise, ce qui donne les couleurs du drapeau italien. Celui que nous mangeons est bien rempli d’avocat, un délice. On se fait la réflexion avec Jumaï que, même dans le restaurant le plus basique, la cuisine est toujours maison. Pas de surgelés (même pour les frites !), pas de plats industriels sous vide. Pour cette raison, même le pire boui boui restera respectable, pas comme en France où les restaurateurs n’hésitent pas à servir à prix d’or des plats jamais touchés par un cuisinier.

Premier italiano

Le parc national de Chiloé est luxuriant de fleurs et arbres exotiques. Tout d’abord, un passage par le bureau d’information s’impose pour en connaître plus sur les animaux visibles et les légendes de Chiloé. Nous ne serons malheureusement pas à la bonne heure pour voir les loutres, les cervidés et oiseaux endémiques qui peuplent le parc. Tant pis ! Au moins pouvons-nous nous promener entre les feuillages et écouter les cris d’oiseaux mystérieux et les coassements des grenouilles au nez allongé. Jumaï croit même en voir une dans un tronc creux, mais ce n’est qu’une feuille. Des fleurs rouges parasitent les arbres et le parc entier comprend une grande diversité de paysages.

Parc national de Chiloé

Après quelques emplettes au village (indispensables cookies Toddy et des pains ronds tous frais), nous allons rendre visite au Pacifique. On ne peut pas s’approcher vraiment, une grosse flaque d’eau montante nous sépare de la plage. Les rouleaux et leur bruit sont impressionnant, on comprend maintenant pourquoi on entendait si bien du camping.

Pacifique pacifique

Sur le chemin du retour, comme un présage d’accueil, nous voyons un incroyable ballet aérien de rapaces noirs. Chacun leur tour, ils volent d’une vallée à une autre, passent au-dessus de nos têtes. Nous apprendrons plus tard que ce sont des condors, animal emblème du Chili. La majesté de l’oiseau ne doit pas y être pour rien.

Les jeunes chiliens nous accueillent au camping avec, surprise, le maté. Tito nous explique que les Chiliens aussi en boivent, mais qu’ils ne sont pas aussi accrocs que les Argentins. Puis les autres amis de leur groupe arrivent au compte-goutte, certains ayant fait du stop tout le long depuis Concepcion, d’autres seulement sur un tronçon. Nous apprenons aussi que ce que nous avons vécu hier, à savoir des rassemblements de jeunes autour du feu, était un petit aperçu de la fiesta de la luna. Celle-ci a lieu le 12 février et célèbre la pleine lune. Traditionnelle à la base, elle est devenue une sorte de woodstock informel qui réunit des milliers de personnes au bord du lac. Quel dommage que nous ne pouvions pas y assister.

Le 25, sans commentaire

Pendant que le soleil finit de se coucher, nous jouons à un jeu de ballon, le 25. Je mets un bon temps avant de comprendre les règles, ou plutôt leurs subtilités. Le principe est simple : tous les joueurs doivent marquer des buts, en se passant ou non la balle ; pour la garder il faut jongler avec les pieds ou la tête. Le gardien change quand la balle sort ou qu’il intercepte la balle. Chaque but vaut un nombre de points différent : 5 pour un tir au pied normal par exemple. Seule la « chilena » (retournette acrobatique) vaut 25 points, précipitant la fin de la partie. Des qu’on arrive à 20 points, chaque but vaut 1. L’enjeu étant de ne pas être gardien au moment où le score est de 25 ; à ce moment-là, le perdant doit traverser le terrain jusqu’à l’autre cage en évitant les coups de pied au fesses que les autres peuvent lui infliger. Pas besoin de vous faire un dessin, l’animateur que je suis ne jouera jamais à ce jeu avec des enfants. Mais entre adultes consentants, c’est très amusant parce que fondamentalement collectif – même quand on est aussi peu sportif que moi.

Roberto

La soirée autour du feu peut désormais commencer. Tito nous avait prévenus, ce soir ce serait fiesta et pas aussi tranquille que la veille. En vérité, la super ambiance est la même, avec simplement plus de monde. Conejo et Roberto jouent tour à tour de la guitare, ça chante et rit les pieds au chaud. Nous apprenons aux Chiliens quelques grossièretés et phrases de drague en français. Contrairement à d’autres situations, nous n’avons jamais la sensation de devoir mener la conversation, ni d’être mis à l’écart quand nos compagnons parlent entre eux. Après un tour par le miroir d’eau du lac, chacun se disperse, certains vont écouter les voisins jouer de la musique folklorique ; d’autres vont se coucher. Nous en profitons pour manger un excellent sandwich Chiloé avec pains ronds, avocat, fromage de chèvre, carotte et mayonnaise. Un délice, partagé avec deux Chiliens. Après un tour par les « toilettes » pour nous laver les dents, nous ne nous arrêtons pas là où il y a la musique. Seul Roberto est là, les autres types paraissent trop saouls et peu accueillant. C’est le bon moment pour aller se coucher.

Tito et la jeune chilienne au cheveux rouges

Lundi 10 février

Pour atteindre Santiago pas trop tard, nous devons prendre le micro vers Castro avant 10h45. Même en se levant tôt, la tente humide n’aide pas et nous partons tout juste dans les temps, de quoi laisser un petit mot sur la tente de nos copains. Avec nos sacs sur le dos, nous courrons comme des dératés jusqu’au moment où le bus croise notre route et nous prend. À Castro, mauvaise nouvelle : plus de départ pour Santiago. Dépités, nous élaborons un plan de secours et projetons d’aller sur une petite île à l’est, plus précisément à Achao. Presque heureux de ne pas partir, nous retournons au guichet acheter nos billets de demain. Et là, miracle, nous apprenons qu’il y a deux sièges de libres en cama (sièges larges et presque allongés) pour 14h. Génial ! On profite du temps libre dans un bistrot, et c’est parti pour la capitale.

7 Responses to “Anti camping”