Nuit et ville blanches

14 Août

Les montagnes du mal

Lundi 10 mars

•J• Après la visite du cimetière ferroviaire d’Uyuni, Poli nous dépose dans la rue d’où partent les bus pour Potosi. Holly, Jack, Kirsten nous accompagnent tandis que Jamie, Matias et Tracy filerons à Sucre de Potosí. La rue est bordée de petites échoppes concurrentes. Et en moins de temps qu’il faut pour le dire nous avons trouvé les meilleurs prix. Direction Potosí, l’une des villes les plus hautes du monde perchée à 4070m. La route est à couper le souffle mais tout le monde dort. Nous n’avons pas réussi à obtenir des places côte à côte et je me désole de ne pas pouvoir réveiller Hadrien. Les paysages font partie des plus beaux que j’ai vu jusqu’ici. J’aurais aimé faire la route en voiture pour pouvoir m’arrêter et prendre des photos. C’est vraiment un trajet à faire de jour !

|H| La ville de Potosí est perchée sur une montagne d’argent. Plutôt poétique ? Pas vraiment quand on sait que l’état espagnol à exploité les indiens pour extraire le précieux minerai du Cerro Rico. L’argent pur à rempli les caisse de l’Europe des siècles durant. Aujourd’hui encore, les mineurs travaillent jour et nuit dans l’enfer des veines souterraines. Indépendants ou en coopérative, les mineurs ont un bon salaire mais travaillent et meurent – jeunes – pour l’honneur : la mine de Potosí est bien moins productive que d’autres, en Bolivie ou au Chili. L’attrait principal de la mine est touristique ; des milliers de visiteurs se pressent pour voir les mineurs crever sous terre. Très peu d’argent (sauf avec certaines agences) est reversé aux familles de mineurs, qu’il est néanmoins possible d’aider en leur achetant des cadeaux au marché des mineurs. Bâtons de dynamite, cahiers pour les enfants permettent ainsi d’ouvrir la conversation avec les mineurs. Nous ne voulons pas participer à l’exploitation de ces hommes et n’allons pas faire cette visite « incontournable ». La visite de la ville suffira.

•J• Donc nous débarquons à Potosi et cherchons un taxi qui pourra nous déposer nous et nos sacs de 100 kilos à l’auberge Koala Den. Nous négocions le prix avec un premier taxi mais celui-ci n’est pas très joueur. D’autant que sa voiture n’est pas bien grande. Nous cherchons un concurrent mais la course ne les intéresse pas tant que ça et les chauffeurs ne se bousculent pas pour nous emmener. Puis il se passe un truc étrange : un type hilare se propose finalement de nous emmener dans son fourgon 9 places, entraîné par ses amis. Tout le monde à l’air de trouver la situation amusante sauf nous cinq qui ne comprenons pas grand chose. Après une grooosse hésitation, quelques regards échangés entre nous, nous décidons finalement d’un prix et montons avec le chauffeur. Celui ci nous emmène à bon port en discutant de choses et d’autres ; visiblement il n’était pas sobre, ou alors trèèèèès bizarre. L’auberge est super, avec plusieurs étages, une salle informatique et une cuisine. Bien sûr nous sommes au dernier étage et à 4000 mètre d’altitude ce n’est vraiment pas une partie de plaisir, monter les escaliers est une épreuve pour les poumons. La vue de la terrasse donne directement sur la mine. La nuit le flanc de la montagne est parsemé de petites lumières jaunes derrière lesquelles on imagine les mineurs travailler. L’altitude me fait l’effet d’une chape de béton (ou d’une énorme gueule de bois). Mal de crâne et jambes lourdes. Je me traine avec les autres dans une pizzeria où Jack était déja allé à son premier passage à Potosí. Holly est aussi atteinte du Soroch depuis le salar d’Uyuni et n’est pas en grande forme non plus. Après une délicieuse pizza nous rentrons nous coucher. Allongée sur mon lit je me sens oppressée, mon cœur bat la chamade et ma tête va exploser. Du coup je descend dans la salle commune et me recroqueville dans un fauteuil. Vu que la concierge semble dans un pire état que le mien pour une raison que j’ignore, j’accueille quelques voyageurs, une tasse de maté de coca à la main et l’œil hagard. Hadrien, qui travaille comme un fou sur le site me tient compagnie et me prépare des litres de maté de coca en prévision de cette nuit difficile. Nous finissons par remonter dans notre dortoir à la vitesse fulgurante d’une marche par demi-heure. Je me sens encore plus mal allongée (oreilles qui bourdonnent et tachycardie : youpi). Le lendemain je n’ai qu’une envie, quitter la ville et descendre en dessous des 4000. Tant pis pour la visite de la ville.

Marché sucré

Mardi 11 mars

Au petit-déjeuner, nous retrouvons les deux voyageurs avec qui nous avons discuté pendant la nuit. C’est un espagnol et une chilienne qui partagent la route en Bolivie. Il a fait du volontariat en pleine forêt, peut-être feront-nous cela la prochaine fois ? Après avoir salué Kirsten, Jack et Holly nous sautons dans le premier bus pour Sucre, la « ville blanche ». Chaque mètre qui me rapproche du niveau de la mer me donne envie de danser le mia même si je n’en suis pas encore tout à fait capable. Au détour d’un virage, nous nous étonnons de voir apparaître de la neige. Puis de la voir disparaître quelques minutes plus tard.

|H| À peine arrivés à Sucre, nous partons immédiatement en quête d’un billet de bus pour La Paz, départ le lendemain. On obtient des sièges à l’avant du bus, avec vue panoramique sur la route. En Argentine, il faut être dans les premiers à réserver pour avoir ces places ; il faut croire que les boliviens sont méfiants. Ensuite, direction l’auberge. Comme le terminal est à bonne distance du centre, nous allons prendre les transports en commun. Nous demandons conseil à un policier qui devait s’ennuyer, puisqu’il il nous sort une carte et son stylo pour nous montrer ce qu’il faut voir à Sucre. Il ne devait pas le savoir que nous sommes français, car il nous recommande l’imitation de Tour Eiffel dans le parque Bolivar – on voit l’originale régulièrement. Pour prendre un minibus, c’est simple, une fois que l’on sait la direction de sa destination, il suffit de prendre un minibus qui passe par là et qui indique sa destination par un petit carton. Avec nos sacs monstrueux, le trajet est compliqué, il y a un monde fou et les bus sont étroits. Avec ma tête et mon sac, je me cale au plafond, pas moyen de m’accrocher. Grâce aux adorables passagers du bus, nous arrivons sans encombre sur la place principale, Plaza de Armas. De là, il est facile de se repérer, surtout quand on a un plan dans le guide du Routard. À l’hostal Cruz de Popayan, quasiment vide, nous nous installons dans un dortoir pour nous tous seuls. Le lieu est agréable, des cours permettent de se relaxer et le petit-déjeuner se prend dehors.

Jum a besoin de repos, elle ne se sent pas encore dans son assiette. Nous faisons une sieste réparatrice, mais Jum a encore des douleurs dans la cage thoracique. Je lui propose d’aller chez le médecin, nous partons donc pour voir le docteur quadrilingue de Sucre. Manque de bol, sa sonnette fonctionne mais personne ne répond. Pas question de se laisser abattre, c’est parti pour une promenade jusqu’au marché couvert. Nous faisons notre chemin entre les centaines d’écoliers, collégiens et lycéens qui sortent des cours. Tous portent un uniforme, aux couleurs et écussons différents selon les établissements. Au marché couvert, nous nous empressons de dévorer un excellent sandwich (moi deux) avec de l’excellente charcuterie chez Las 7 Lunares (pour des photos, jeter un œil à cette page, sixième photo). La combinaison pimentée est délicieuse, le service est adorable (échantillons de charcuterie pour patienter), une réussite. Puis, nous allons rincer tout ça avec un jus de fruit frais pressé. Les prix sont imbattables, les jus délicieux et surtout, il est possible de les commander sans eau ni lait.

Marchande de jus de fruits

Marchande de jus de fruits

Les marchandes de jus mettent en exposition leurs plus beaux fruits. Difficile de choisir entre toutes, nous finissons au pif au comptoir de celle qui nous parait proposer les combinaisons les plus appetissantes. L’endroit est convivial, on peut s’assoir sur un tabouret pour savourer son jus. Et, le mieux, c’est qu’on n’a pas droit à un, mais deux grands verres pleins chacun.

Deux bons purs jusFruits en vitrine

Derrière nous, c’est le coin des vendeurs de patates et leurs énormes sacs. Ils prennent place dans la jolie cour du marché.

Mardi des patates

Mardi des patates

Pour préparer un bon repas, nous faisons ensuite le tour des étals à légumes. Encore un peu approximatifs en négociation, nous essayons au moins de varier les fournisseuses. Tomates, oignons, carottes, avocats et fromage remplissent notre panier. Pour les avocats, nous sommes allés à l’étage, où les restaurants sont tous fermés. Les vendeuses d’avocat tentent toutes de nous faire acheter chez elle. Nous goûtons un très bon avocat chez une vendeuse, et lui demandons de bons avocats comme celui-ci. Mais les quatre que nous achetons seront pourris et immangeables. C’est ce qu’on appelle une arnaque.

Vieille casera

Vieille casera

La pesée

La pesée

Sur la route, nous reluquons les boîtes hermétiques, puisque celle que nous avions depuis Buenos Aires s’est cassée. Les vendeurs nous proposent des prix prohibitifs, pas question de se faire avoir pour de la camelote. Nous passons notre chemin. Nous regagnons l’auberge, encore un poil claqués. Après l’épreuve du soroche, les draps nous tendent les bras. On ne résiste pas.

Ville blanche

Mercredi 12 mars

La journée commence tranquillement avec un petit-déjeuner minimal mais bien agréable dans la cour. Jumaï n’a presque plus mal, l’avis d’un médecin n’est plus d’actualité. Le programme touristique du jour est chargé, vu que nous partons à 19h pour La Paz. D’abord, un tour par la légende de la salteña de Sucre : El Patio. Même si les salteñas ressemblent aux empanadas, elles sont différentes au goût et culturellement. On les mange avant midi, donc El Patio ferme… à midi pile. Nous arrivons juste avant la fermeture, et goûtons ces merveilleuses pâtisseries. Pour le voyage de cette nuit, on s’en prend même deux de plus, mine de rien ces petites choses calent bien. Le cadre lui-même du Patio est parfaitement accordé avec la richesse du goût des salteñas. Juteuses, pas sèches du tout, les salteñas sont servies élégamment, sous le regard inquisiteur de la patronne derrière son comptoir.

Salteñas du Patio

Salteñas du Patio

Nous allons ensuite au parque Bolivar, pourvu d’une imitation de Tour Eiffel – recommandation du gros policier de la gare. Sur la route, je prends quelques photos des intrigants minibus Nissan Civilian. Certains arborent encore des caractères kanjis (communs avec le chinois) voire des caractères syllabiques kana. Difficile de vérifier, mais je pense que, d’après leur date de construction (fin années 80 / début années 90), ils sont réutilisés maintenant après avoir servi au Japon – ou en Chine ?

Nissan Civilian W40 de 1988

Nissan Civilian W40 de 1988

C’est aussi la pause du midi, et comme souvent, les rues de Sucre sont bondées d’écoliers. Les policiers complètent les zèbres à la circulation. Les zèbres, on l’apprendra plus tard, sont des étudiants déguisés (et payés), chargés de sécuriser les traversées d’enfants sur les passages piétons. Leur présence est quotidienne dans toute la Bolivie.

Zèbres assistant à la circulation

Zèbres assistant à la circulation

Écoliers à l'assaut des rues

Écoliers à l’assaut des rues

Si c’est bien à La Paz que siège le gouvernement, c’est Sucre la capitale constitutionnelle de la Bolivie. Le siège de la Corte suprema de justicia y siège et fait face au parque Bolivar. Comme le reste de la ville, le bâtiment illustre le nom de Ville blanche. Esthétiquement, ce n’est toujours pas dans mes canons, mais qu’importe, dans le contexte ça ne me dérange pas. Devant le siège de la cour suprême, un arc dans le même style fait la jonction avec le parque.

Sede de la Corte suprema de justicia

Sede de la Corte suprema de justicia

Au parc entre copines

Au parc entre copines

À la suite d’un groupe d’écolières, nous rentrons dans le parc. Nous savourons la sensation de fouler du pied le Champ de Mars de Sucre. Face à nous, elle se dresse, majestueuse et joliment proportionnée. Ses formes rondes s’agencent parfaitement avec ses triangulations, et d’en haut on a une vue spectaculaire sur la ville… Bon, sans rire, ce bout de ferraille, construit par les bourgeois locaux, est sans doute la construction la plus grotesque qui puisse exister. Si la copie avait été juste un redimensionnement à l’échelle, pourquoi pas, car n’est pas Eiffel qui veut. À la place, les constructeurs ont préféré y coller un escalier désagréable à monter, dans une tourelle sans élancement. Et pourquoi diable ces horribles arrondis, qui lui donnent cet air de pâté obèse ? Rien, à part le mauvais goût de ses commanditaires, ne peut expliquer cette monstrueuse verrue.

Imitation de tour Eiffel

Du haut de la tour Eiffel 2

Imitation de tour Eiffel

Au bout du parc, une statue a été couverte de feutre. Est-ce le travail d’écoliers désœuvrés ? Plus loin, une gare désaffectée, l’Estacion Presidente Arce, semble aujourd’hui servir de bâtiment public. Des grilles et une étroite surveillance nous empêchent d’accéder au terrain vague derrière.

Estación Presidente Arce

Estación Presidente Arce

Nous revenons ensuite sur nos pas par une rue plus calme que celles du centre-ville, parallèle au parque Bolivar. Nous voulons maintenant aller au museo Charcas, qui renferme de nombreux objets archéologiques et culturels boliviens. Sur le chemin, nous passons par une place, et qui voilà ? Raphaël et Laure, nos belges préférés ! Nous échangeons nos expériences similaires récentes, depuis notre dernière rencontre aux geysers. À vrai dire les revoir une dernière fois n’est plus une surprise tant nos chemins se sont croisés. Mais comme ils ne vont plus dans notre direction, on échange les coordonnées. Comme ils ont la dalle et qu’on les fait saliver en parlant des salteñas, notre réserve tombe à pic ! Le verdict est unanime. Qui sait, peut-être qu’on se recroisera en Belgique ou en France ?

De nouveau en route, nous passons par la Universidad San Francisco Xavier de Chuquisaca, la deuxième plus vieille université des Amériques.

Universidad San Francisco Xavier de Chuquisaca

Universidad San Francisco Xavier de Chuquisaca

Avant d’arriver au musée, nous faisons une halte à la Plaza de Armas que nous n’avons pas encore réussi à visiter malgré notre passage régulier. Une jeune fille nourrit une foule de pigeons qui la suivent. Sur son passage, les ailes bruissent, la masse se déforme et se reforme. Certains volatiles échappent au mouvement de masse et se perchent sur la statue d’Antonio José de Sucre, héros national aux côtés de Simón Bolivar.

La jeune fille aux pigeons

Antonio José de Sucre

Plaza de Armas : pigeons et héros

Plus que quelques rues avant d’enfin arriver au musée. La promenade se termine sous des arbres fleuris.

La dame sous les arbres

La dame sous les arbres

Le museo colonial Charcas n’est qu’une partie du musée principal de Sucre. Sans le savoir, nous n’allons pas le visiter et nous contentons de la partie anthropologique et d’art contemporain de Sucre. Assez rudimentaire, le musée présente en bas des œuvres picturales et sculpturales de qualité inégale. De belles toiles dans le lot, dommage qu’on ne les retrouve pas sur internet (on peut néanmoins voir quelques travaux de Jorge Imana Garron sur son site). En haut, le musée anthropologique est bien espacé et permet d’admirer des momies, crânes trépanés ou déformés, et nombreuses céramiques. Dans la continuité, les salles ethnographiques comportent d’appréciables explications, maquettes des pratiques culturelles, masques, objets en tous genres. D’une taille parfaite et pas très visité, le musée est un peu foutraque mais vaut le détour, au moins pour ses saisissantes momies et expériences crâniennes antiques.

Crânes du musée Charcas

Crânes du musée Charcas

Employé municipal du museo Charcas

Employé municipal dans la cour du museo Charcas

Dans l’agréable cour du musée, un employé retire des feuilles mortes autour des plantes. Nous passons d’une cour à l’autre en allant visiter celle, fleurie, de ce qu’il nous semble être l’Instituto Cultural Boliviano Aleman.

Cour de l'Instituto Cultural Boliviano Aleman

Cour de l’Instituto Cultural Boliviano Aleman

Après avoir bien profité de la ville, il est temps de penser au départ. J’accompagne Jumaï chez un marchand de chapeaux, vendus à un prix d’usine (la fabrique est à côté) et de grande qualité. Pendant que Jum choisit et essaie, je file à l’auberge et négocie d’utiliser la cuisine – normalement réservée au personnel – pour préparer nos victuailles. En mode camping, je prépare un guiso avec nos légumes et bouillons cubes. Lorsque Jumaï arrive, je réalise qu’on n’a pas d’ail, cet ingrédient magique qui améliore tous les plats ! Je pars donc en quête du supermarché SAS, sensé être pas loin de l’auberge. Sur la route, je tombe surtout sur une boutique qui vend des tupperware d’occasion ! C’est le paradis de la boîte en plastique hermétique, les étagères en sont remplies, et pour un très bon prix je repars avec un vieux tupperware comme neuf. Le bonheur ne tient pas à grand chose. Pour ce qui est du supermarché, en revanche, je commence à vraiment me perdre entre les rues baroques de Sucre. Je demande mon chemin à une dame pressée. Elle prend son temps pour me répondre mais me perd encore plus. Plus loin, alors que je désespère de voir ce foutu supermarché – j’aurais plus vite fait d’aller au mercado central – un monsieur, par chance, y va aussi et m’accompagne. Je lui dis que je suis français, il me rassure : lui aussi, il est étranger, il vient du Paraguay. Un vrai chic type en tous cas. Enfin au SAS, il me quitte sur la phrase « voilà, ici tu peux acheter tout ce que tu veux ». Je n’ai acheté que de l’ail.

Le retour est d’une effarante simplicité. Avec le temps passé à me perdre, Jumaï a eu le temps de terminer et commencer à se demander ce que je pouvais bien glander. Nous sommes enfin prêts à partir, en route pour de nouvelles aventures. En me perdant j’ai pu repérer les rues voisines où nous devons prendre le bus. Avec les embouteillages d’heure de pointe, on n’est pas sûrs d’arriver. On hésite à prendre un bus qui passe plus tôt, mais le chauffeur nous déconseille : il fait un long détour. On finit par arriver au terminal, et ici l’embarquement est radicalement différent de ce que nous connaissons. Il faut aller au guichet de l’agence pour qu’ils pèsent les bagages et les fassent descendre dans le bus. Il faut ensuite se rendre sur le quai d’embarquement (moyennant une taxe d’entrée, systématique en Bolivie) pour voir son sac descendre par des cordages (!). On peut ensuite les faire placer dans la soute du bus. En attendant nos sacs, on discute avec un couple de jeunes Néerlandais, l’occasion de placer quelques mots hésitants en langue batave. On se quitte en montant les marches du bus : « à demain ! »

Le voyage se passe sans anicroche, c’est même plutôt agréable de voyager devant pour la première fois. Je mange la dernière salteña et goûte un peu de notre pitance, Jumaï n’a pas très faim. À défaut de toilettes en état de marche, le bus s’arrête dans un bled glauque où certains voyageurs prennent un truc à manger. La plupart des types savent pisser dans la rue sombre à côté, moi pas. Je fais donc la queue pour les toilettes publiques de la gargote. On remplit le réservoir de flotte au seau d’eau, ça a l’avantage d’être rapide. Il nous fallait bien un contact avec les tréfonds de la Bolivie.

Nuages et monts

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